La SYMOCEL est arrivée à un large consensus des organisations de la Société Civile sur les questions électorales. Il reste à proposer ces résolutions aux institutions habilitées, plus particulièrement l’Assemblée nationale. Parmi les diverses propositions, on retient que la composition de la CENI doit être revisitée pour en exclure les politiciens et en attribuer la conduite à des personnalités de la Société Civile, et ce préalablement à la désignation de ses animateurs. Un autre point important est la réforme de la loi électorale, avec le retour de la présidentielle à deux tours.
Ces deux options heurtent frontalement la stratégie du FCC pour qui Ronsard Malonda est déjà le président de la CENI, malgré les réticences du président Tshisekedi. C’est ce qui ressort, semble-t-il, d’une réunion stratégique qui aurait eu lieu hier dimanche à Kingakati entre Joseph Kabila, l’autorité morale du FCC, et ses principaux lieutenants en la matière, notamment Jeannine Mabunda, Présidente de l’Assemblée nationale, et Alexis Thambwe Mwamba, Président du Sénat.
Les propositions de la Société Civile, justement, doivent passer par le Parlement, à priori acquis à la cause du FCC. On voit mal Jeannine Mabunda et Alexis Thambwe Mwamba dérouler le tapis rouge à une autre proposition. Sans doute faut-il annoncer la bataille « PARLEMENT D’ABORD vs PEUPLE D’ABORD ». La scène ressemble à celle d’un combat de boxe et préfigure le combat à venir.
On se souvient de l’affrontement qui a eu lieu il y a quelques mois, juste avant la clôture de la précédente session parlementaire, entre l’Assemblée nationale et la rue, sur deux fronts : la proposition de loi Minaku-Sakata destinée à museler la magistrature, et la tentative de putsch toujours en cours de téléchargement, d’installer Ronsard Malonda, un personnage estampillé FCC, à la tête de la CENI. Sur fond de ces deux guerres larvées, c’était Félix Tshisekedi et Joseph Kabila qui s’affrontaient, tout en chantant «la coalition se porte très bien». Au passage, le FCC y a laissé quelques plumes dorées : Célestin Tunda ya Kasende Ye Meyi et (le contrôle de) la Cour constitutionnelle. Poussés tous à la faute.
Poker menteur ne durera éternellement. La rentrée parlementaire qui s’annonce est celle des masques qui vont tomber, ou peut-être seulement. Toute la stratégie FCC depuis la passation dite pacifique et civilisée de pouvoir était d’empêcher Tshisekedi de marquer des points durant son mandat, et donc de préparer le retour du FCC en 2023, du reste partenaire de la coalition au pouvoir. A mi-parcours, Tshisekedi n’a pas marqué beaucoup de points, pour des raisons évidentes. Mais, il maintient malgré tout une côte favorable, surtout comparativement à son prédécesseur. Joseph Kabila, est-il prêt à jouer le tout pour le tout? Sachant que ça passe ou ça casse ? Rien n’est moins sûr. L’ancien président est intelligent et il sait que Tshisekedi demeure, malgré quelques amicales égratignures, son ultime rempart, y compris à son corps défendant. Or, la courte histoire en cours d’écriture de Félix Tshisekedi montre qu’il sait lire le jeu politique et agir au bon moment, surtout au moment où l’on ne s’y attend pas. Avec un sourire, toujours affable.
D’autres pensent quand même que JKK joue un bluff, dont il pourra se retirer, laissant les impénitents va-t-en-guerre se brûler les ailes, tout seuls, comme il n’y pas si longtemps Célestin Tunda ya Kasende Ye Meyi. Dans les milieux, il a la réputation de toujours temporiser, « subiri », en swahili.
La Société Civile, de son côté, montre ses muscles de manière civilisée. La hache de guerre semble enterrée entre les divers concurrents à qui se veut porteur de la réforme électorale, pour une union sacrée contre les chantres du «Parlement d’abord». Si j’étais Jeannine Mabunda, ou Alexis Thambwe Mwamba, j’accrocherais en grand et en couleur la photo de Célestin Tunda ya Kasende Ye Meyi dans mon salon et dans la chambre à coucher, histoire de me servir de l’expérience des autres. Ça peut toujours servir. Et ça n’arrive pas qu’aux autres. Autant, tirer les leçons des expériences. Surtout les bonnes!
Serge Gontcho di Spiritu Sanctu (+ 243 81 27 22 490)
Conscience Nationale en Action (CNA)
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