Deux hauts responsables onusiens ont prévenu, mercredi, le Conseil de sécurité que le processus de paix au Soudan du Sud progressait particulièrement lentement à un moment où le pays est confronté à nouveau à un risque de famine.
NEW YORK, USA, le 18 Septembre 2020,-/African Media Agency (AMA)/- S’agissant du processus de paix, le Représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU pour le Soudan du Sud, David Shearer, a noté que « du côté positif, le gouvernement de transition continue de fonctionner » et que « les gouverneurs d’État ont été nommés, ce qui a atténué les tensions dans les régions ».
Mais, « ailleurs, les progrès ont été extrêmement lents », a-t-il ajouté.
Les réunions du gouvernement ont lieu irrégulièrement, il n’y a eu pratiquement aucun mouvement dans le domaine critique de la réforme du secteur de la sécurité, et l’Assemblée législative nationale de transition doit encore être reconstituée, ce qui veut dire que les nouvelles lois nécessaires ne sont pas adoptées et les progrès sur la Constitution ont été retardés. En outre, la pandémie de Covid-19 a ralenti la mise en œuvre de l’accord de paix.
« Les retards persistants risquent de pousser les élections bien au-delà du calendrier prescrit dans l’accord », a estimé le Représentant spécial. Selon lui, cela ajoutera à la désillusion croissante parmi les communautés quant à savoir si la volonté politique existe pour donner aux citoyens sud-soudanais la possibilité de choisir leurs propres dirigeants.
« D’après notre expérience, sans une pression internationale importante, y compris une pression régionale, la volonté politique diminue. Une dynamique est donc nécessaire de toute urgence, notamment pour maintenir la confiance entre les signataires » de l’accord de paix, a-t-il dit.
David Shearer a rappelé que le Soudan du Sud était confronté à d’autres défis : la baisse des prix du pétrole, un manque persistant de responsabilité financière, des retards dans le paiement des fonctionnaires et un quasi-doublement du taux de change public depuis mars.
Avec de fortes pluies récemment et le Nil à son plus haut niveau depuis 60 ans, les inondations ont dévasté le centre du pays avec 500.000 personnes touchées, en particulier dans les États de Lakes et de Jonglei.
Le Programme alimentaire mondial (PAM) a de son côté indiqué mercredi dans un communiqué de presse qu’il allait apporter une assistance alimentaire aux personnes dans le besoin dans l’Etat de Jonglei.
La Covid-19 aggrave l’insécurité alimentaire
Pour sa part, le chef de l’humanitaire de l’ONU, Mark Lowcock, a noté devant le Conseil de sécurité que malgré quelques développements encourageants depuis la signature de l’Accord de paix revitalisé en septembre 2018 et la formation du gouvernement de transition cette année, « les besoins humanitaires – déjà élevés après des années de conflit – augmentent à nouveau en raison de la recrudescence de la violence, des inondations et de la Covid-19, ce qui entraîne une multitude de conséquences sanitaires et plus larges, y compris une insécurité alimentaire croissante ».
Près de 6,5 millions de personnes – plus de la moitié de la population – étaient confrontées à une grave insécurité alimentaire au plus fort de la saison de la faim il y a quelques mois. La Covid-19 a aggravé la situation.
Dans l’ensemble, cette année, 7,5 millions de personnes au Soudan du Sud ont désormais besoin d’une aide humanitaire, et ce chiffre est proche des niveaux de 2017 lorsque l’ONU avait mis en garde contre la famine.
« Le risque de famine réapparaît dans les zones souffrant de violences localisées. Des conditions de type famine sont signalées à Jonglei et dans la zone administrative du Grand Pibor. La violence dans ces régions a détruit les moyens de subsistance, contraint les gens à fuir leurs maisons et réduit la production alimentaire », a souligné Mark Lowcock.
La Covid-19 ajoute également à la pression sur un système de santé déjà fragile. Le Soudan du Sud a l’un des taux de mortalité des enfants de moins de cinq ans les plus élevés au monde.
« Malgré un environnement opérationnel extrêmement difficile, la réponse humanitaire au Soudan du Sud empêche des millions de personnes de sombrer dans la famine. Malgré la Covid-19, les travailleurs humanitaires continuent d’apporter de l’aide et aident à sauver des vies. Les agences humanitaires ont aidé plus de 5 millions de personnes à travers le Soudan du Sud en 2020 », a souligné le chef de l’humanitaire.
Le Plan de réponse humanitaire du Soudan du Sud s’élève à 1,9 milliard de dollars pour cette année. Environ un tiers de ce montant a été financé jusqu’à présent, a-t-il précisé.
Dans ce contexte, il a demandé aux membres du Conseil de sécurité de continuer à soutenir les efforts visant à trouver des solutions politiques pour mettre fin à la violence, d’utiliser leur influence pour s’assurer que les opérations humanitaires sont facilitées et que les travailleurs humanitaires sont protégés et de fournir des ressources supplémentaires pour le plan de réponse humanitaire.
Distribué par African Media Agency (AMA) pour ONU Info.
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