L’Ambassadeur de l’Union Européenne (UE) en République Démocratique du Congo a visité, samedi 30 novembre 2019, le camp de détention de Luzumu situé à Kasangulu dans la province du Kongo Central. Jean-Marc Châtaigner propose l’élaboration d’un cadre normatif de bonne gestion des établissements pénitentiaires en RDC, via la modélisation du plan d’opérationnalisation du camp de détention de Luzumu, comme établissement pénitentiaire de référence au pays.
Au-delà des bâtiments et du mobilier, Jean-Marc Châtaigner salue l’opportunité que revêt la réouverture de ce camp de détention pour le ministère de la Justice, qui accueille à présent des condamnés à de longues peines. Car le camp de détention de Luzumu est amené à devenir un établissement de référence pour l’ensemble du pays, respectueux de la dignité humaine. Et c’est dans cette voie que l’UE continue à accompagner l’administration pénitentiaire.
Avec une assistance technique mobilisée auprès de la Direction du camp, les textes réglementaires et le plan d’opérationnalisation qui ont été préparés pour la réouverture du camp posent les bases d’une gestion efficiente. Cela, en vue d’élaborer un cadre normatif de bonne gestion des établissements pénitentiaires en RDC, via la modélisation du plan d’opérationnalisation du camp de détention de Luzumu, comme établissement pénitentiaire de référence en RDC. Allusion faite aux standards internationaux et des Règles Mandela.
Un autre défi qu’il a relevé consiste à finaliser les travaux de sécurisation qui permettront d’atteindre la complète occupation, fixée à 600 places.
« Notre souhait est que l’événement de ce jour soit fondateur pour la modernisation de l’administration pénitentiaire, qui est une des priorités de la Politique Nationale de Réforme de la Justice », souhaite-t-il en disant que les enjeux sont nombreux. Car, si la réouverture du camp de détention de Luzumu permettra de désengorger d’autres prisons, notamment la prison centrale de Makala, d’autres efforts doivent être menés pour réduire la surpopulation carcérale et réduire dans celle-ci la part de la détention provisoire.
Restaurer la confiance dans l’appareil judiciaire
Jean-Marc Châtaigner dénonce que trop de personnes soient encore maintenues en détention sans aucune instruction ouverte ou renvoi devant le tribunal dans un délai raisonnable. Au-delà de cela, c’est la pléthore de mineurs qui sont toujours incarcérés dans des prisons pour adultes alors qu’ils devraient bénéficier de programmes d’encadrement adaptés.
Alors qu’un nouveau cycle commence dans la gestion de la RDC, son vœu est que les conditions puissent être à nouveau réunies pour que soit renouvelé et renforcé l’appui de l’UE à tous les acteurs congolais avec lesquels il a été développé des collaborations fructueuses au cours des années passées. Cela, dans le but de progresser, malgré les difficultés, vers une justice accessible à tous, transparente, impartiale, indépendante, efficace et protectrice des droits de chacun, dans le respect de l’égalité entre les hommes et les femmes.
Le but est de restaurer la confiance des citoyens dans l’appareil judiciaire et au-delà, dans les institutions de la République. Avec l’Institut National de Formation Judiciaire, avec le camp de détention de Luzumu, avec les succès enregistrés dans la poursuite des crimes graves commis à l’Est du pays, avec les autres priorités contenues dans la Politique Nationale de Réforme de la Justice, notamment l’accès à la justice pour toutes les populations y compris les plus vulnérables, les acteurs de la justice disposent aujourd’hui de lignes directrices claires pour atteindre cet objectif ultime de reconquérir la confiance des citoyens.
« Nous devons tous aujourd’hui être fiers de cet ouvrage et je formule le vœu qu’il devienne un lieu d’excellence au service de la justice, un symbole de la détermination du gouvernement et du peuple congolais à bâtir un Etat fort et uni, un Etat de droit fondé sur la démocratie et le respect des droits humains, un Etat à même d’assurer la paix et la stabilité. Car il n’y a pas de paix sans justice », relève-t-il.
Rappel
Il faut noter que le centre de détention de Luzumu a été relancé en mars 2019. Cette prison a couté 5 million d’Euros dont 85 % de financement venu de l’UE et 15 % venu du trésor public congolais.
Cette prison compte plus d’une centaine des cellules VIP aérées, chacune dotée d’une toilette interne et d’un lit individuel.
Aussi, ce centre de détention possède-t-il une cuisine électrique moderne et une autre en bois de chauffe, des salles de rééducation, un centre médical bien équipé, ainsi qu’un espace des travaux champêtres.
Judith Asina
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