Des acteurs de la société civile étaient en conférence-débat, vendredi 11 octobre 2019 à Kinshasa. Organisée par l’Institut de Recherche en Droits Humains (IRDH) en collaboration avec la revue Renaissance, cette rencontre avait pour objectif de dégager des indicateurs de la vision de la société civile de la RDC, pour les cinq années liées au mandat des nouvelles institutions en cours.
Me Hubert Tshiswaka, Directeur général de l’IRDH a indiqué qu’il était question de faire l’autopsie de la situation actuelle de la société civile. L’objectif était de dégager des indicateurs pouvant permettre de projeter le type de collaboration de la société civile avec le nouveau régime. Après l’alternance à la tête de la république, il fallait définir le rôle de la société civile.
A l’en croire, il faut adopter une stratégie qui correspond au contexte et à l’heure actuelle, il est important d’avoir le changement. Même si à un certain niveau, certaines personnes disent que le régime ancien est toujours-là, mais il y a une fenêtre qui vient de s’ouvrir. « Nous avons un nouveau contexte », a-t-il relevé.
La nouvelle stratégie consiste pour la société civile, de repenser, comment obtenir la transformation de la société. Pour lui, il ne faut pas oublier que la société civile s’était mobilisée pour l’établissement d’un Etat de droit qui consiste à placer trois pouvoirs constitutionnels, c’est-à-dire l’exécutif, le législatif et le judiciaire. L’exécutif existe déjà avec le Président de la République et le nouveau gouvernement. Il y a également le parlement avec l’Assemblée Nationale et le sénat. Mais le pays ne possède pas encore de pouvoir judiciaire. La société civile doit s’adapter à cela pour avoir un pouvoir judiciaire fort. Mais il ne faut pas se limiter à ce stade puisque les entités décentralisées doivent être mises en œuvre jusqu’à la base ainsi que des entreprises publiques en fonction des compétences. « C’est ce qui fait la transformation de la société », relève-t-il. À cela s’ajouter les autres services de l’Etat, la police, l’armée et les institutions d’appui à la démocratie. Dans ce sens, la société civile ne sera pas là que pour réclamer l’alternance à la tête du pays. L’Etat de droit, c’est l’établissement de toutes ces institutions jusqu’au dernier et assurer le cycle complet qui va permettre la transformation de la société pour avoir le bien-être de la population.
Cependant, une deuxième conférence se tiendra après cette rencontre se tiendra avec d’autres acteurs de la société civile pour peaufiner une feuille de route stratégique. De cette première, il a été retenu l’importance de repenser la nation pour la transformation de la société en s’orientant vers le contrôle. Pour cela, l’abbé Mpundu, l’un des orateurs a dit que l’église qui est au-devant de la scène, doit aider la société pour un bon contrôle citoyen.
Collaborer et non devenir « collabo »
Sur la même lancé, Prof. Thierry Landu a souligné qu’après alternance, il y a deux choix. Il s’agit de continuer à jouer à l’opposition, soit collaborer avec le régime qui arrive. Une collaboration qui se fera en tant que partenaire, et pas comme des personnes qui deviendraient des thuriféraires. La société civile pourrait collaborer pour devenir réellement un partenaire afin que les valeurs pour lesquelles elle milite soient à la base du fonctionnement du nouveau système. « Il ne faut pas oublier que la société civile congolaise est passée par plusieurs moments et a connu beaucoup de soubresauts. Plusieurs fois, on a cru qu’elle n’a rien fait alors que tout ça est faux », rappelle-t-il. Et d’ajouter : « C’est cette même société civile qui s’est mobilisé pour offrir à ce pays une constitution qu’on n’a pas touché par un Président de la République. On ne le dit pas suffisamment, mais je crois que c’est important de se rendre compte que lorsqu’on cite les pays d’Afrique centrale, des Présidents ont tripatouillé la constitution, mais ici, on ne l’a pas fait parce qu’il y a eu une société civile active ».
De ce fait, Prof. Landu souhaite que la société civile devienne active de manière permanente, agissant en toute vigilance, proactive et les dirigeants doivent comprendre qu’elle est nécessaire pour la survie de la démocratie. D’où, les Autorités ne doivent pas la fragiliser, en adoptant une attitude de la repousser puisqu’elle serait en train de faire des critiques ou des propositions.
Il estime que c’est le moment d’avoir cette collaboration entre les gouvernants et les gouvernés pour arriver à une société civile très forte. Et, collaborer entant que partenaire, est possible mais cela ne signifie pas devenir collabo. Il faut éviter que les acteurs de société civile ne deviennent des flatteurs pour que le pays ne retourne dans le mythe des personnes fortes au lieu des institutions fortes. « Les hommes forts c’est fini », conclu-t-il.
Judith Asina
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