S’entretenant avec un parterre d’intellectuels à l’Université de Kikwit en 2017, le professeur Georges Zuka soutenait la thèse selon laquelle il serait presque impossible que le Grand Bandundu puisse offrir à la nation congolaise, à court et à moyen terme, un Président de la République élu. Cet éminent professeur fondait sa conviction sur deux évidences: La première, la faible démographie électorale par rapport au bloc de l’Est du pays. La seconde, les « fissures communautaires ».
Au regard du bilan de dépôt de candidatures à la présidentielle du 23 décembre 2018, Georges zuka constate que sa conviction se cort sur la chimère du poste de Président de la République pour les personnalités politiques originaires du Grand Bandundu et, particulièrement, du Kwilu, considéré
jadis à tort ou à raison comme le « Quartier Latin du Congo ».
A en croire ce professeur, les cinq (5) territoires du Kwilu se sont offert chacun au moins un candidat Président de la République. Les quatre (4) grandes communautés linguistiques à savoir, les Mbala, les Yansi, les Bunda et les Pende – se retrouvent à travers au moins un de leurs membres.
Voici le décompte que fait Georges Zuka
Le territoire de Gungu, avec 357.217 électeurs bruts, est représenté par Antoine Gizenga et Adolphe Muzito. Le territoire d’Idiofa, avec 527.702 électeurs bruts, voit sa fille Laure Marie Kawanda postuler à la présidentielle. Notons toutefois que celle-ci aurait un parent originaire du territoire de Bulungu. Le territoire de Bulungu, avec 479.443 électeurs bruts, n’est pas en reste avec son fils, Freddy Matungulu. Le territoire de Masimanimba, avec 386.169 électeurs bruts, constate la présence de Typhon Kinkiey sur la liste de candidats. Enfin, le territoire de Bagata, avec 230.333 électeurs bruts, a un fils, Martin Fayulu. À ces statistiques d’enrôlés par territoire, il faudrait ajouter les enrôlés de trois principales villes où résident nombre de ressortissants de ces territoires, Kikwit (224.497 électeurs bruts), Bandundu-ville (108.207 électeurs bruts) et Kinshasa (1.440.581 électeurs bruts, à savoir 30℅ de
kinois) un total de 1.773.285 de votants bruts révèle Georges zuka.
Ce professeur des universités prend maintenant deux hypothèses pour la conquête du fauteuil présidentiel : Première hypothèse, Vote/Territoire. Chaque territoire élirait son ou ses fils et se partagerait de manière égale les votants de trois villes citées ci-dessus, à savoir 295.547 votants bruts pour chacun de six candidats. Il y aurait: 1) Laure Marie Kawanda (823.249 voix); 2) Freddy Matungulu (774.990 voix); 3) Tryphon Kinkiey (681.716 voix); 4) Martin Fayulu (525.880); 5) Antoine Gizenga (474.155 voix) et Adolphe Muzito (474.155 voix).
Deuxième hypothèque, Vote/Communauté linguistique. Dans l’optique du vote tribal, les communautés Bunda (une candidate), Yansi (un candidat plus un candidat 50℅), Mbala (un candidat plus un candidat 50℅) pourraient être au coude-à-coude. Par contre, la communauté Pende (avec deux candidats), du reste la moins importante démographiquement, serait au bas de l’échelle.
En définitive, il est difficile, avec le « vote tribal », qu’un candidat du Kwilu atteigne un million de voix auxquelles viendraient s’ajouter éventuellement celles d’autres provinces pour pouvoir s’assurer de la victoire électorale à la présidentielle.
La question est donc de savoir:
- primo, si cette prolifération de candidatures des Kwilois n’est pas une stratégie d’une certaine géopolitique nationale que quelques acteurs politiques du terroir ont malheureusement accepté de mettre en oeuvre (coopérez à faire émietter les voix de votre province pour nous permettre de gagner ou à affaiblir les vôtres pour notre gain politique);
- secundo, si le manque d’engagement à lutter contre le fléau du tribalisme et les égoïsmes dans le chef des opérateurs politiques du Kwilu pourrait paradoxalement produire un jour un résultat heureux, comme l’élection d’un Président de la République, normalement fruit d’une synergie communautaire;
- tertio, si les acteurs politiques du Kwilu sont conscients du mauvais exemple qu’ils viennent de donner à la Nation.
Pour Georges Zuka,si les autres provinces devaient les prendre pour modèle, il y aurait 145 candidats à la présidentielle: chaque territoire voulant avoir son Président de la République. La RDC serait championne du monde en cette matière.
Au terme de son analyse, le professeur invite les Kwilois, à l’aune de leurs capacités intellectuelles souvent vantées, à la réflexion et à l’action pour la construction d’une nation congolaise digne et respectée tant par les nationaux que par les autres peuples du monde.
Joël imbole
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