Il s’agit du résultat de la collaboration de l’ONU-Habitat avec l’Administration du territoire de Rutshuru qui s’est impliquée, depuis 2018, dans la médiation et la résolution du conflit foncier qui opposait les hommes en uniforme du Camp de Rumangabo contre les populations de la localité de Kabaya où « vivent plus de 8 mille habitants.
Selon Floribert Hakizimwami, Secrétaire administratif du groupement de Kisigari, le plaidoyer initié par l’ONU-Habitat s’est soldé par la mise à la disposition par le Mwami Francis Ndizeye, de 5 hectares en faveur des 72 ménages dont leurs habitations et plantations se retrouvaient dans l’enceinte de la concession du camp militaire.
« Le processus de sécurisation des droits fonciers du nouveau site de Gatera/Kisigari où seront désormais logés pour de bon les 72 ménages-bénéficiaires était riche en défis, mais vient de se conclure avec succès. Les droits fonciers des bénéficiaires sur les nouvelles terres sont garantis par des titres fonciers signés et octroyés par les autorités de la province du Nord Kivu. Le Ministre de tutelle a même fait le déplacement de Goma jusqu’à Kisigari », se félicite Kasereka Kiro, géomètre du Cadastre près l’Administration foncière de Rutshuru en poste depuis 9 ans.
En effet, l’ONU-Habitat n’a ménagé aucun effort pour apporter son appui précieux à l’Administration foncière du territoire de Rutshuru depuis le début de ce processus. Cette agence des Nations unies couvrait tous les frais de déplacement des agents de l’Administration du Centre de Rutshuru vers la localité de Kabaya et le Camp Militaire de Rumangabo. Elle a disponibilisé les fonds qui ont servi à l’achat de plus de 200 bornes délimitant le Camp Militaire et les environs de la localité de Kabaya, et également à l’établissement de 72 titres fonciers pour les ménages-bénéficiaires.
Aussi, l’ONU-Habitat a-t-elle mis à la disposition des agents de l’Administration foncière des outils de travail, tels que les GPS pour la collecte des données parcellaires, les stations totales, les jalons qui les ont aidés à accomplir un travail de qualité dans un délai raisonnable. « Tous ces outils resteront une propriété de l’Administration foncière », rassure le géomètre Kasereka.
Il faut signaler que cette initiative menée par l’ONU-Habitat s’inscrit dans le cadre de son Projet de Planification Communautaire Foncière Participative (PCFP) financé par l’Agence britannique de développement (DFID). Objectif ? Assurer un avenir meilleur pour les communautés congolaises, ledit projet est mis en œuvre dans les provinces du Nord et Sud Kivu, et celle de l’Ituri.
Remise des parcelles
Jean de Dieu Giza, Ministre provincial en charge des Affaires foncières du Nord Kivu, a remis officiellement les 72 titres fonciers aux ménages dont les habitations et plantations s’étaient retrouvées dans l’enceinte du Camp Militaire de Rumangabo. Un processus facilité par le Programme des Nations unies pour les établissements humains (ONU-Habitat).
Grâce à une médiation de l’ONU-Habitat, les militaires stationnés au Centre de brassage et de recyclage-Rumangabo et les populations vivant dans les environs dudit centre viennent de fumer le calumet de la paix après plus d’une décennie de conflit foncier. Les militaires reprochaient aux populations d’utiliser leur espace pour y exercer des activités agricoles et leur imposaient des taxes et redevances d’usage. Pour parer à cette situation de tension, l’ONU-Habitat n’a ménagé aucun effort pour amener les parties concernées à la table de négociation pour que soit trouvé enfin un règlement à l’amiable et définitif à ce conflit.
Le Ministre Jean de Dieu Giza a déclaré que c’est maintenant chose faite après avoir remis les titres individuels aux bénéficiaires et également un titre pour le Camp Militaire de Rumangabo. « L’implication des hommes en uniforme dans ce processus nous donne une garantie d’une jouissance paisible et durable. Ils sont obligés de cohabiter ensemble, ils sont obligés de faire la paix ensemble et nous estimons qu’avec les espaces crées par l’ONU-Habitat, la voie de paix est là », a-t-il conclu.
Satisfecit des bénéficiaires
Mayingamiye Savura, 45 ans et mère de 6 enfants, veuve depuis 1994 a réagi en ce sens : «Mon mari a perdu la vie alors que nous habitions dans le camp de réfugiés de Kibumba en territoire Nyragongo dans la province du Nord Kivu ». Et d’ajouter : « Après sa mort, la vie de ma petite famille était devenue incertaine et désespérée. Mes enfants et moi-même avions pris la décision de quitter le camp pour chercher refuge dans la localité de Kabaya située en groupement de Kisigari dans le territoire de Rutshuru. Malheureusement, dit-elle, la parcelle qu’elle a acheté se retrouve, selon le croquis de l’Administration foncière datant de 1954, dans l’enceinte du Camp militaire. Ce qui explique que le malheur et la misère se sont poursuivis sans cesse. Cela, surtout avec les hommes en uniforme qui troublaient la paix en les imposant des taxes exagérées voire imaginaires, sans compter des nombreuses menaces qui durèrent plusieurs années. « Soudain, nous avons reçu la bonne nouvelle : la mise à la disposition des parcelles pour nous sur le site de Gatera/Kisigari », a-t-elle lâché.
Mariée à Christian Rukaragashori depuis 4 ans, Mme Clémentine Maombi, une autre bénéficiaire est enseignante, comme son mari, à l’Ecole primaire Kianderema en groupement de Kisigari. Surprise par une issue de la démarche menée par l’ONU-Habitat, souriante et spontanée, elle déclare : « C’est une journée exceptionnelle et inoubliable pour notre famille, car nous avons, enfin, notre propre parcelle ».
Repères trouvés
En effet, les repères délimitant le Camp de Rumangabo et la localité de Kabaya ont pu être identifiés grâce à un croquis de situation trouvé dans les archives de la division des Affaires foncières à Rutshuru. « Ni les hommes en uniforme et encore moins les résidents de la localité riveraine de Kabaya ne savaient réellement où se situaient la limite et la zone tampon. Mais au finish, nous avons pu trouver la superficie et la configuration réelles de la concession du camp militaire. Les deux parties en conflit étaient satisfaites. Elles ont coopéré avec l’Administration foncière pour mettre à terme ce conflit foncier qui datait de plusieurs décennies et qui ne cessait d’empoisonner l’atmosphère et d’inciter le climat de méfiance », a précisé Kasereka Kiro.
Floribert Hakizimwami, Secrétaire administratif du groupement de Kisigari qui fait l’intérim du Chef de groupement, a également participé au processus de distribution des parcelles aux nouveaux occupants. « En tant qu’autorité de proximité, l’installation de 72 ménages-bénéficiaires sur le nouveau site va sceller une paix durable entre les hommes en uniforme et la population civile qui vit de l’agriculture et de l’élevage », a-t-il soutenu.
Judith Asina
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