Tshisekedi, Kagame, Museveni, Ndayishimiye et Lorenzo

Mini-Sommet manqué de Goma : Ne tirez pas sur le pianiste (Tribune de Serge Gontcho)

Le film s’est déroulé vite, entre l’annonce du mini-sommet de Goma, à l’initiative de la RDC et de l’Angola, et ses deux reports pour des raisons qui n’ont convaincu personne. Fiasco, comme le concluent très vite certains commentateurs ? Il ne faut pas perdre de vue, dans l’analyse géopolitique, que les actes et les non-actes n’ont pas la même dimension selon qu’ils sont regardés à travers d’étroites œillères nationalistes ou dans une perspective globale. Quand on est vice-président de l’Union Africaine, on se doit de réfléchir du dessus de la mêlée. C’est la même posture que face aux problèmes de son parti, l’UDPS ; le Président de la République doit prendre de la distance et de la hauteur.

La région des Grands Lacs est en ébullition souterraine, avec les velléités belliqueuses permanentes de Paul Kagame, en tension avec tous ses voisins, ou presque. Ne serait-ce pas un chaos que recherche l’homme fort de Kigali, dont le règne est assis sur le feu et le sang, depuis le génocide de 1994 qui l’a amené au pouvoir, en passant par la guerre en RDC sous mille prétextes, aux fins d’exploitation de l’Est grâce au chaos généralisé ?

Personne n’a plus intérêt que le Congo à maîtriser ce départ de feu. Souvenons-nous en effet que c’est sur une diversion programmée, le génocide tutsi-hutu de 1994, que sont partis les malheurs du Congo. Aujourd’hui, une conflagration dans cette petite région d’ennemis apparents peut cacher d’autres agendas dont la facture serait finalement payée par le Congo. Quand la région des Grands Lacs s’enflamme, c’est toujours la RDC et ses populations qui ont payé les pots cassés.

En diplomatie, la patience et la maîtrise des nerfs sont des qualités obligées. Que les protagonistes du mini-sommet de Goma se soient trouvés des excuses n’a rien d’inédit. En 1997, Laurent-Désiré Kabila avait posé un lapin au grand Mandela, dans les eaux de l’Atlantique, où le président sud-africain avait fixé une rencontre entre le chef de l’AFDL et le président Mobutu. Personne n’a tiré sur Mandela pour cela. Il a fait montre de patience, et la rencontre a fini par avoir lieu. Partout au monde et dans l’histoire politique, les médiateurs connaissent d’avance le côté ingrat de leur mission. à quoi s’en tenir. Et donc, objectivement il n’y a aucune raison à ce Fatshi bashing, sinon l’orientation mentale négative des Congolais qui ne voient jamais rien de positif.

OK, on aura encore des maladresses dans la gestion des affaires diplomatiques des collaborateurs du Chef de l’État, notamment le bâclage du travail diplomatique à faire en amont avant de faire des annonces et le non-respect de la sacrosainte règle : tâche et défis toujours équivalent à la compétence et au talent. Seulement, dans le cas présent, elles n’auront pas porté à conséquence. Laissons-les apprendre de leurs erreurs. Mais cela ne doit pas occulter l’essentiel, qui est le devoir de responsabilité de la RD Congo, géant de l’Afrique centrale, et son président, pour une paix régionale.

Serge Gontcho di Spiritu Sanctu (+ 243 81 27 22 490)
Conscience Nationale en Action (CNA)

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