Le débat sur la candidature de Joseph Kabila comme Président de la RDC en 2023 fait jaser. Me Carlos Mupili conteste le Prof. Gaspard Ngondankoy qui dit que le statut de sénateur à vie est viager et ne peut s’éteindre qu’à la mort du bénéficiaire.
Doctorant en Droit, Me Carlos Mupili dit ne pas défendre le sénateur à vie Joseph Kabila mais veut démontrer que la loi portant statut des anciens présidents de la république est inconstitutionnelle. Pour lui, ledit statut est allé jusqu’à satisfaire la gourmandise des anciens présidents des chambres de Parlement et autres chefs des institutions de l’Etat.
En effet, le constituant de 2006 a été lacunaire dans la lettre en oubliant le terme « successivement » ou « de façon consécutive » car la limitation de mandat présidentiel commence depuis la constitution de Luluabourg de 1964 en son article 55 alinéa 5 qui dispose que : « Le Président de la République n’est rééligible immédiatement qu’une seule fois ». Par ailleurs, l’article 6 alinéa 2 de la constitution française dispose que : « Nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs ».
Il estime que c’est exercer successivement le 3ème mandat qui choque car ça implique la familiarité avec le pouvoir qui provoque la dérive totalitaire.
De l’analyse
Dans sa réaction, Me Mupili indique que le terme « à vie » ne doit pas être compris dans son interprétation littérale mais plutôt téléologique, donc selon l’esprit du constituant et du droit comparé.
Il s’agit d’un terme opposé au sénateur élu pour un mandat bien limité de 5 ans.
A l’en croire, le contrat à durée indéterminé dans le droit du travail ne signifie pas jusqu’à la mort mais seulement opposé au contrat à durée déterminée. Il cite le code de famille qui stipule que le mariage civil est un contrat réputé à vie mais qui n’interdit pas la liberté de renoncer au statut de marié.
En évoquant le droit constitutionnel français, il rappelle que le bloc de constitutionnalité de ce pays est composé de texte constitutionnel et les principes ayant la valeur constitutionnelle dont la liberté incluse dans le DDHC. C’est pourquoi, le suicide n’est pas une infraction en droit pénal français puisque le droit à la liberté prime sur le droit à la vie. Affirmer que la loi portant statut des anciens présidents de la république ne laisse pas à ces derniers, comme possibilité d’emploi, qu’une fonction conférée par l’Etat dans le cadre des Organisations internationales, c’est priver à un ancien président de la république, son droit de jouir de sa liberté de renoncer à son statut. Ce qui est une violation de principe de la liberté, un principe sacré de droits de l’homme ayant une valeur constitutionnelle. Or, signale-t-il la dite loi est une loi ordinaire qui doit se conformer à la hiérarchie de normes selon Hans Kelsen.
En outre, cette loi ordinaire viole la constitution dans un autre cas de figure qui ne concerne pas Joseph Kabila qui a successivement fait deux mandats. Lorsque par exemple le président Felix Tshisekedi ne gagnerait pas l’élection présidentielle en 2023, il serait d’office sénateur à vie alors qu’il n’a fait qu’un seul mandat. « En sera-t-il frappé d’incompatibilité jusqu’à sa mort », s’interroge-t-il.
Pour lui, c’est ce qui démontre les faiblesses de loi précitée qui a échappé au contrôle à priori de la constitutionnalité du fait qu’elle est une loi ordinaire mais devant le juge, sur les contentieux des candidatures, par la question de procédure de la constitutionnalité, elle sera déclarée inconstitutionnelle.
Il est d’accord que l’idée d’« Eviter toute tentative de dérive dictatoriale qu’une longue présence à la tête de l’Etat, à l’instar de celui du maréchal MOBUTU ne peut favoriser ».
Judith Asina
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