C’est le principal message du Ministre de la santé, mardi 5 mars 2019, au cours d’un point de presse animé à Kinshasa. Dr. Oly Ilunga a indiqué qu’il faut la mise en œuvre de trois formules pour réussir la riposte contre la Maladie à Virus Ebola (MVE) dans le Nord-Kivu et en Ituri, deux provinces de l’Est de la RDC. Il s’agit d’une riposte efficace, un engagement communautaire et une garantie d’ordre public.
Le Ministre de la santé a félicité le travail des équipes de la riposte qui qui ont vaccinées plus de 80.000 personnes, sans lesquelles il y aurait des milliers de morts et une propagation de la maladie dans d’autres provinces. « Nous sommes proches du but que nous le pensons », a-t-il relevé tout en condamnant les attaques ciblées contre les équipes. Il précise qu’qu’aujourd’hui, il y a des familles qui ont disparu dans le Nord-Kivu et des centaines d’orphelins. Une situation qui explique qu’Ebola n’est pas une invention, mais une réalité. Raison pour laquelle, il appelle à un sursaut patriotique de tout le monde. Pour lui, toutes les personnes qui ont le privilège d’être considérées comme leaders d’opinion devraient s’engager positivement dans la riposte.
Cependant, il faut prendre ouvertement position contre les actes de sabotage qui mettent le pays en danger. Suite auxdits actes, les activités de vaccination et de surveillance risquent de s’arrêter. Et si la sécurité des équipes n’est pas garantie, le pays risque un retrait temporaire des équipes qui conduirait à la propagation de la maladie. Les conséquences socioéconomiques ici sont dramatique non seulement pour les provinces touchées, mais pour le pays avec soit la fermeture des frontières, l’embargo économique ou la stigmatisation des voyageurs. Le sursaut permettra de s’assurer du bien-être de la population en vue de faire en sorte que la riposte avance bien et enclenche le plan de développement économique avec les partenaires.
Obstacles
Pour le Ministre, l’instrumentalisation et la désinformation est à la base de la réticence et du faible engagement des communautés. En effet, le troisième plan de riposte qui couvre le mois de février à juillet 2019 vient d’être lancé. Un plan né des analyses permanentes des forces et faiblesses.
Depuis le début de l’épidémie en aout 2018, 897 cas ont déjà été enregistrés, 563 décès, 304 personnes guéries. Malheureusement, Katwa avec 256 cas et 192 décès est l’épicentre. Sur 19 zones de santé touchées, la situation est contrôlée dans 17. Dorénavant, 11 zones de santé n’ont plus rencontrées de cas depuis 21 jours. Il y a également six zones de santé qui, au cours des vingt derniers jours ont rapportés soit un ou aucun cas. Il apprécie la diminution de la riposte, bien qu’elle soit l’épidémie la plus complexe que le pays ait fait face, étant donné qu’elle couvre deux provinces.
Au cours des derniers jours, 80 nouveaux cas dont 86 % viennent de Katwa et Butembo. La particularité de Katwa est le taux de létalité et de mortalité, soit 75 %, dû particulièrement au décès communautaire qui est une préoccupation de l’équipe de la riposte.
Toutefois, l’une des principales problématiques dans la riposte demeure la réticence communautaire à Butembo et Katwa, phénomène plutôt naturel lorsqu’il s’agit des maladies mortelles. Il regrette la forme violente que prennent ces actes. Il parle des attaques récentes à Katwa et Butembo qui sont la suite d’une série d’actes inciviques auxquels les équipes sont exposées depuis le début. Aussi, déplore-il, les infractions répétitives de vol des matériels destinés à la riposte, le déterrement des cadavres après les enterrements sécurisés.
Pour en découdre, il a été lancé un dialogue communautaire à Butembo et à Katwa où des préoccupations de la population ont été notées. Quatre problématiques y ont été relevées : le faible recrutement du personnel médical local ; le personnel local moins payé que celui de Kinshasa ; la non-implication de la communauté dans les activités de la riposte ; la politisation de la riposte.
Par rapport au faible recrutement du personnel local, l’effectif est de 3575 sur 3.776 recrutés. Au sujet de paiement, il signale que l’égalité ne veut pas dire équité. Dans le principe d’équité, il y a l’affaire de la transparence qui exige pour le personnel, d’être déjà au courant de son barème lors de la signature du contrat. Le deuxième principe c’est celui de stabilité de barème qui est le même depuis le mois d’août. La différence est liée à l’équité, car celui qui vient d’ailleurs doit faire face au logement et à l’alimentation ainsi qu’un supplément par rapport au perdiem.
Pour la non-implication de la communauté, le Ministre signale qu’il n’y a pas qu’une seule approche selon que c’est dans une zone rurale ou un milieu semi-urbain. Lorsque c’est un village, l’organisation hiérarchique se trouve autour du Chef du village, coutumier, chef de rue. Dans une zone semi-urbaine, il faut parler aux autorités politico administratifs, les opérateurs économiques, les leaders politiques, leaders d’opinion, les femmes, les jeunes gens. « C’est une riposte multiforme », rapporte-t-il. Depuis le début le travail se fait avec la base communautaire qui sensibilise la communauté.
Pour le quatrième point qui consiste à politisation de la riposte, le Ministère indique avoir toujours demandé de faire la part de chose. Malgré ces consignes et initiatives, il y a une instrumentalisation de réticence de communauté. Ainsi, se sont-ils retrouvé face à des candidats qui soit restaient silencieux par peur d’être impopulaire ou d’autres qui ont utilisé la désinformation pour être populaire.
Judith Asina
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