machine à voter
La fameuse machine à voter prévue pour les élections de fin d'année en RDC, exposée le 21 février à Kinshasa. © John WESSELS / AFP

Machine à voter : « La CENI devrait développer une application informatique de simulation de vote », réclame l’OSCSD

Ladite application à même d’être téléchargée sur des ordinateurs, tablettes et téléphones permettra à un grand nombre de personnes de se familiariser avec la machine à voter.  Cette recommandation de l’Observatoire de la Société Civile pour le Suivi du Dialogue et de la Transition démocratique (OSCSD) est adressée à la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) en ce dernier trimestre décisif pour la tenue les scrutins le 23 décembre 2018.

Pour cette organisation de la société civile, qui a évalué la situation du processus électorale, la centrale électorale doit développer une communication de proximité pour rassurer et mobiliser la population à ces élections. Aussi, doit-elle œuvrer avec les associations de la société civile sur base des critères et procédures transparents de collaboration pour la sensibilisation de la population ; faciliter l’accréditation des observateurs électoraux à court, moyens et long-terme de manière à concourir à la crédibilité des votes et à fiabiliser les résultats au jour des scrutins.

Cependant, l’OSCSD demande au Président de la République, en tant que garant de la Constitution, entre autres de s’assurer que les élections soient un moment de cohésion et de concorde et non de division et de haine entre les fils et filles de la République Démocratique du Congo.

Le Gouvernement de la République par ailleurs, est prié de mettre à la disposition de la CENI, et dans les délais requis, les moyens nécessaires pour l’organisation des élections à la date fixée. Il lui faudra également détendre la scène politique en élargissant l’espace de la liberté d’expression ; mettre tout en œuvre pour que le jour des scrutins les conditions de sécurité maximale soient de mise et que tous les centres de vote soient éclairés en cas d’obscurité pour permettre une bonne clôture des opérations électorales.

Quant aux partenaires de la Coopération, l’OSCSD les encouragent à soutenir davantage la population congolaise dans sa quête d’une société fondée sur la justice, la cohésion sociale, et la démocratie pour son développement socioéconomique ; appuyer, sans des conditionnalités inadéquates, les organisations de la société civile congolaise œuvrant dans la thématique électorale pour assurer une bonne préparation de la population aux élections et à la surveillance de celles-ci ;

Les Organisations sœurs de la Société Civile devraient renforcer les synergies et les convergences d’action de mobilisation pour des bonnes élections. Cela, en plus de se soustraire des alliances avec les partis et regroupements politiques, mais d’œuvrer pour un consensus sur la vision sociétale et électorale au sein de la société civile.  En définitive, elles sont conseillé d’identifier en leurs seins les femmes et les hommes qui se sont engagés comme candidats aux prochains scrutins et de publier leurs noms tout en mettant en place des mécanismes de collaboration avec ceux qui prennent, au nom de l’éthique, formellement congé de leurs fonctions au sein de la société civile.

Des inquiétudes

L’OSCSD a fait ses recommandations puisqu’elle s’inquiète que les différentes parties prenantes au processus électoral congolais n’arrivent pas à s’accorder sur la décrispation politique voulue par l’Accord du 31 décembre 2016, l’utilisation ou non de la machine à voter, la question des personnes enregistrées dans le fichier électoral sans empreintes digitales. Aussi, toujours est-il qu’avec près de 90.000 bureaux de vote en 2018 contre 30.000 en 2011, le déploiement des témoins des partis politiques ainsi que les observateurs de la société civile se trouve être un défi difficile à relever dans le contexte de précarité et d’insécurité dans certaines parties du pays. Il y a également la propension des discours qui frisent l’incitation à la haine et au vote tribal ; la sélection discriminatoire de quelques organisations par les bailleurs traditionnels de la société civile ainsi que par la CENI, qui n’est pas de nature à encourager un travail de synergie et d’inclusivité pour la sensibilisation et l’éducation civique et électorale. Cela, sans compter la méfiance de plusieurs personnes à l’égard de la machine à voter suite à leur méconnaissance, à trois mois des élections, de son mode opératoire ; ainsi que refus du Gouvernement et la CENI de toute assistance extérieure, et même de l’appui logistique de la MONUSCO, alors que les contraintes logistiques, selon le calendrier électoral, sont immenses ;  les médias officiels se comportent de plus en plus comme des agences de communication de la Majorité au pouvoir qui monopolisent leurs espaces dans une sorte de campagne précoce ; l’invalidation des certaines candidatures à la présidence de la République soulève, au sein de l’opinion, un grand soupçon vis-à-vis de la CENI et la Cours Constitutionnelle que beaucoup jugent à tort ou à raison de rouler pour le Pouvoir en place ; la remise en selle, par le Gouvernement et la CENI, de la question de la double-nationalité, au motif d’écarter certaines personnes alors que le moratoire sur cette question est encore en vigueur au parlement ; l’existence de beaucoup de poches d’insécurité dans plusieurs coins du pays faisant craindre la mauvaise clôture des opérations électorales le jour des scrutins si les électeurs, les témoins et les observateurs doivent quitter avant la tombée de la nuit leurs centres de vote sans que le dépouillement ne soit terminé et validé.

Judith Asina

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