Après une longue journée d’audition, l’Évêque Mukuna a été placé sous mandat d’arrêt provisoire et a passé la nuit au cachet du Parquet général de la Gombe. Le Pasteur faisait l’objet d’une plainte pour viol. Personne ne connaissant les éléments du dossier, il est difficile de se faire de manière objective une opinion sur le bien fondé ou pas de cette décision. Du reste, l’audition va se poursuivre encore ce matin. Il faudra attendre ensuite le jugement pour en savoir davantage.
Mais le plus important, on s’en doute, n’est pas ce problème de mœurs. Si on a beaucoup parlé de Pasteur Mukuna ces cinq derniers mois, c’est plus pour son mouvement d’éveil patriotique, qui tire à boulets rouges sur le FCC, et principalement sur son « autorité morale », l’ancien président Joseph Kabila, qu’il charge de lourdes responsabilités dans la descente du Congo aux enfers.
Il l’avait menacé à plusieurs reprises dans les médias d’une plainte pour crimes de sang et crimes économiques, et avait même déposé une première dénonciation à la Cour Constitutionnelle à cet effet. C’est dans ce contexte que l’affaire Mamie Tshibola est survenue fort opportunément, comme pour faire taire le téméraire pasteur.
Quel est l’effet de cette affaire privée sur l’éveil patriotique qui a suscité une adhésion national sans pareil ? Avant son départ pour parquet, l’Évêque avait réuni son staff de l’Éveil Patriotique (et non de son église) pour étudier tous les scénarios, y compris celui qui est arrivé. L’Éveil Patriotique ne va pas ralentir sa marche.
Si la dénonciation contre Joseph Kabila devait être jetée à la poubelle pour cause d’invalidation des droits civiques de son auteur, une autre dénonciation sera déposée, dans les mêmes termes dans les tout prochains jours.
Par ailleurs, à partir de ce lundi 18 mai, l’Eveil Patriotique ouvre le bureau d’enregistrement des dénonciations contre les principaux acteurs de la destruction du pays. Une plainte collective, ou plusieurs plaintes individuelles sont annoncées également sur la table du procureur.
Pascal Mukuna est-il coupable ? Tout comme avec l’affaire Vital Kamerhe, Directeur du cabinet du Chef de l’Etat, tous les Congolais sont appelés à soutenir l’état de droit qui semble ses mettre en marche. La balle est plus dans le camp de la Justice et du Chef de l’État que dans celui de l’Eveil Patriotique.
Le temps va nous dire s’il s’agit d’une pièce de théâtre ou d’un réel renouveau de la justice. Mais il serait profondément injuste que celui qui est soupçonné d’avoir détourné quelques pauvres millions de dollars croupisse en prison, que Mukuna soit éventuellement condamné, comme Kutino Fernando, pour des broutilles, et que ceux qui ont tué les entreprises du pays, qui ont massacré des populations (au Kasai, à Beni, en Ituri…), qui ont amassé des milliards.
Alors que le Congo doit lécher la main de l’OMS pour avoir un soutien de l’OMS pour lutter contre une maladie imaginaire, que tous ces criminels donc siègent tranquillement au sénat, dirigeant les affaires du pays comme si de rien n’était, comme si Félix Tshisekedi n’était qu’une accommodante parenthèse dans leur règne.
La loi inique et inconstitutionnelle de l’immunité des anciens chefs de l’état doit faire l’objet d’un débat intellectuel et citoyen honnête, et l’on n’hésitera pas à engager une pétition pour demander sa révision, ou son abrogation.
Si l’Evêvque Mukuna est coupable, il affrontera la justice, mais si son arrestation a pour objet de faire taire l’Éveil Patriotique, alors, le coup est manqué. La lutte continue.
Serge Gontcho di Spiritu Santu
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