Hier, les Congolais ont fait de manière fracassante la connaissance d’Ibrahim Kabila, qui s’est présenté comme fils de Laurent-Désiré Kabila. C’était au cours de la très suivie émission « Bosolo na Politik » d’Israël Mutombo. Entrée fracassante s’il en est parce que celui qui se présente comme fils de Kabila a porté des accusations très graves à l’encontre de l’ancien président Joseph Kabila, dont il est censé être le frère, mais, qui ne serait qu’un imposteur, allant jusqu’à exiger des tests d’ADN pour établir la vérité.
Les Congolais ne sont pas encore remis de leur stupeur que la nouvelle de l’enlèvement en pleine rue, juste au sortir de l’émission, par cinq hommes armés, crève les réseaux. Le film se déroule quasi en temps réel. On apprendra que le jeune est conduit à un interrogatoire marathon, sans plaignant, sans mandat de comparution, à la police.
Le pays reste en haleine jusqu’à 22h30 lorsque Ibrahim est libéré et poste une première vidéo suivie d’une seconde, étant rentré à son domicile, dans laquelle il raconte que le commando qui l’avait enlevé voulait l’emmener à Kingakati, c.-à-d. chez son grand-frère, le sénateur à vie Joseph Kabila. Ce serait sur l’intervention personnelle de Félix Tshisekedi, le Chef de l’État, que le jeune homme aurait recouvré sa liberté.
Cette saga familiale est à mettre en relation avec l’embastillement dans les mêmes conditions de « vite fait » de l’Évêque Pascal Mukuna. Le pasteur initiateur du mouvement de l’Éveil Patriotique avait déclaré dans les médias que Joseph Kabila devait fournir des explications sur la mort de Laurent-Désiré Kabila, et voulait savoir où étaient les autres nombreux enfants du président congolais assassiné en 2001.
L’interpellation de l’Evyêque est intervenue le lendemain, et le jour de l’audition, on a vu une jeune dame, prétendant parler au nom de la famille de M’zee Kabila, déclarer avoir déposé plainte contre le pasteur Mukuna pour ses déclarations sur la mort de leur père. Pour Ibrahim Kabila, personne dans la famille ne connaît cette dame, et c’est pour la faire mentir, mais aussi apporter le soutien de toute la famille Kabila à l’Évêque Mukuna, dont il a salué l’engagement patriotique, qu’il a décidé de passer à la télévision.
L’intervention du Président de la République, dont a parlé Ibrahim dans sa libération, tombe à point nommé, car l’arrestation irrégulière de Mukuna deux jours auparavant, avait semé le doute sur l’autorité réelle de Félix Tshisekedi, garant de la Nation, sur ses alliés FCC habitués à prendre la justice par-dessus la manche.
Les plus exaspéré(e)s n’ont pas hésité à appeler carrément Chef de l’État à démissionner, estimant qu’une patience sans limite n’est plus patience mais passivité. En effet, on aura beau se le cacher par des contorsions juridiques et judiciaires, l’affaire Mukuna n’est rien d’autre que l’exaspération de millions de Congolais face à un accord FCC-CACH qui n’aurait pour but réel que de faire à Fatshi un enfant dans le dos.
Dès lors, le couper du soutien populaire, son seul véritable atout, serait la dernière estocade pour l’isoler et le coincer dans les cordes. Mais on n’est pas encore là.
Les avocats de Pasteur Mukuna ont récusé le magistrat qui a procédé à l’arrestation cavalière du pasteur et appellent à une rapide fixation de l’affaire devant le tribunal. Derrière le procès de Mukuna se cache le procès de l’État de droit et de Fatshi. Joseph Kabila n’a rien à perdre, au contraire de Fatshi.
Si Mukuna comparait pour une affaire privée de mœurs, que la justice soit dite en toute justice, mais haro sur l’instrumentalisation de ce qui est censé être le troisième pouvoir. C’était là une promesse électorale de Fils Tshisekedi.
A quelque chose malheur est bon, dit-on. Le courage de Mukuna a été l’étincelle pour le courage d’Ibrahim, mais aussi pour les courages des enfants fous, les Wewa, qui avaient formé une ceinture autour d’Ibrahim lors de son enlèvement. Il faut saluer également Israël Mutombo, qui prend aussi des risques.
On notera que les grands médias du pays n’ont rien dit sur cette affaire qui pourtant fait l’actualité. Pour une raison simple ; ils ont peur. Puisse le même courage se propager et contaminer tous les Congolais, pour dénoncer, car il n’y a ni réconciliation ni pardon véritable tant que la parole est interdite. VERITE ET RECONCILIATION. L’Eveil Patriotique ouvre à cet effet, à partir de ce lundi 18 mai, un bureau d’enregistrement des dénonciations, à son siège à Bandalungwa.
Serge Gontcho di Spiritu Santu
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