Le Président de l’Association africaines des Droits de l’Homme (Ashado) considère que si les hommes politiques qu’ils soient dans les institutions ou pas entretiennent des discours qui suscitent la haine et les conflits entre les congolais, la justice doit les interpeller de la manière la plus forte. Dans une page d’opinion libre, il estime que les conflits intercommunautaires issus de la manipulation des politiciens mettent le pays en feu notamment au Tanganyiika, en Ituri, à Minembwe, à Yumbi. Il demande aux uns et aux autres d’éviter faire croire aux gens que les Katangais et les kasaïens ne sont pas capables de vivre ensemble alors qu’ils en sont capables et l’ont toujours démontré.
Ci-dessous l’intégralité de la page d’opinion :
Pages d’opinions libres de Me Jean Claude Katende
« Le conflit entre katangais et kasaïen a toujours été une manipulation des politiciens »
En 1992, la chasse aux kasaïens qui habitaient le Katanga était principalement l’œuvre des acteurs politiques bien connus dont Messieurs Gabriel Kyungu Wa Kumwanza et Nguz Karl Ibond. Tous les katangais n’y étaient pas impliqués. Il y a beaucoup d’amis katangais qui y étaient farouchement opposés.
Plusieurs ressortissant du Kasaï ont été tués par certains katangais qui avaient cédé à la manipulation politicienne, par les maladies ou mauvaises conditions de voyage sur les trains.
Les acteurs principaux de ce conflit, Messieurs Gabriel Kyungu Wa Kumwanza, Nguz Karl Ibond et plusieurs jeunes de la JUFERI, protégés par le régime du Président Mobutu n’ont jamais répondu de leurs actes devant la justice.
Les kasaïens qui étaient dans les institutions ou ailleurs ne se sont jamais mobilisés et organisés en menant des actions pacifiques de grande envergure pour exiger des poursuites judiciaires contre les auteurs de la chasse des kasaiens au Katanga
Messieurs Gabriel Kyungu wa Kumwanza et Nguz Karl Ibond prononçaient des discours de haine à l’égard des kasaïens en disant qu’ils étaient à la base des malheurs des Katangais. Ils avaient pris l’emploi des katangais à la GCM, la SNCC et ailleurs. Donc pour que les katangais soient heureux, il fallait que les kasaiens partent vers leur province d’origine.
27 ans après, les résultats sont connus de tous. Beaucoup de kasaïens ont été chassés de la GCM et de la SNCC et remplacés par les katangais, mais ces deux entreprises sont tombées encore plus bas. Est-ce que Messieurs Gabriel Kyungu wa Kumwanza et autres peuvent ils nous donner le bilan de leur discours de 1992 ? Qu’est-ce que cela a apporté aux katangais ? Misère sur misère. Faisons attention.
Aujourd’hui, certains qui étaient proches des acteurs politiques des évènements de 1992, veulent refaire la même chose en prenant pour motifs les attaques de tel groupe contre l’ancien Président Kabila ou de tel autre contre le Président Tshisekedi.
Je leur dis de faire attention, nous ne sommes pas en 1992. Personne ne permettra que les acteurs politiques, qu’ils soient kasaïens ou katangais, manipulent les katangais contre les kasaiens ou les kasaiens contre les katangais.
Quand quelques individus, qu’ils soient kasaïens ou katangais, se compromettent, la justice doit pouvoir les prendre en charge sans qu’il ne soit nécessaire que la faute d’un individu ou d’un groupe d’individus soit mise sur tout un peuple ou sur toute une tribu. C’est de cette manière qu’un Etat de droit fonctionne.
Si les hommes politiques qu’ils soient dans les institutions ou pas entretiennent des discours qui suscitent la haine et les conflits entre les congolais, la justice doit les interpeller de la manière la plus forte.
Ces conflits intercommunautaires issus de la manipulation des politiciens mettent le pays en feu au Tanganyiika, en Ituri, à Minembwe, à Yumbi… Il ne faut pas que cela s’étende partout.
Les congolais ont besoin d’avancer ensemble, de vivre ensemble et de construire le pays ensemble.
Evitons de faire croire aux gens que les Katangais et les kasaïens ne sont pas capables de vivre ensemble. Ils sont capables et l’ont toujours montré.
La justice qui ne veut pas agir contre certains dignitaires politiques qui sont à la base de la manipulation des peuples est aussi responsable de ce qui était arrivé en 1992 et de ce qui risque d’arriver encore au Katanga.
Faisons d’abord le bilan de la politique de Monsieur Kyungu wa Kumwanza en 1992 avant de refaire la même chose en 2019.
Kinshasa, le 21 novembre 2019
Me Jean-Claude Katende
Le gardien du temple
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