Ils ont passé au peigne fin la situation sociopolitique du pays, à travers la session ordinaire tenue à Uvira du 8 au 15 mai dernier. Les évêques membres de l’Assemblée Provinciale de Bukavu (ASEEPB) ont, après avoir peint un tableau noir des conditions dans lequel vit du pays, surtout en matière de sécurité, fait des recommandations fortes à la population. Et ce, dans le souci d’éveiller sa conscience sur les élections à venir en vue d’une alternance pacifique. Ils estiment à cet effet que l’heure est venue pour le peuple congolais de se réveiller en vue de ne pas abandonner la mission noble de la politique à certains leaders irresponsables. Car, l’exercice direct du pouvoir politique relève de la compétence exclusive du laïcat qui constitue l’essentiel du Souverain primaire.
Après analyse de la situation les évêques ont relevé des inquiétudes, particulièrement en matière de prolifération des bandes armés ; dégradation des conditions sociale ; grave crise morale ; impasse politique et l’éclipse de l’Etat. Ils considèrent pour ce dernier cas que globalement, dans l’exercice de ses devoirs envers le peuple, la classe politique a failli. Entant que souverain primaire, il faut que chacun prenne en main sa destinée par les voies pacifiques et démocratiques, dans la non-violence active et évangélique. Cela, conformément à la confirmation du pape François : « faisons de la non-violence active notre style de vie ».
A travers ce message, les prélats catholiques invitent à élire les candidats sur bases de valeurs personnelles de compétence et de probité et sur base de programmes politiques pertinents. Pour ce faire, il est nécessaire d’abandonner l’esprit de clientélisme et adopter un esprit citoyen et républicain. Aux candidats déjà élus par le passé, la population doit cesser de quémander de l’argent et des faveurs particulières. Elle doit de préférence demander des comptes sur base de bilans de ce qu’ils ont réalisé, notamment en matière de paix et sécurité, de développement économique et de promotion sociale de démocratie et de bonne gouvernance. Les nouveaux de leur côté, ont pour obligation de présenter le projet de société ainsi que des programmes sur ces questions. ‘’S’ils sont déficitaires, écartez-le ! S’ils sont convaincants, élisez-les !’’, préviennent-ils.
Au sujet du nouvel esprit politique et citoyen qui devrait animer le pays, ils demandent de l’élaborer dans le sens de la réconciliation après tant de souffrances et d’offenses mutuelles consécutives à la guerre. Ce qui doit se poursuive dans le sens de concorde et de fraternité, d’égalité et de liberté.
Cependant, le style et le mode de changement des structures ont pour vocation de se passer dans le cadre de la non-violence et de la réconciliation citoyenne. ‘’Car la violence engendre la violence’’, disent-ils, parlant des groupes armés qui justifient leur insurrection par des motifs nationalistes et citoyens. A en croire les dires de ces bourreaux, l’ambition est de sauvegarder l’intégrité territoriale contre l’évasion étrangère supposée ou réelle, ainsi que pour la sécurité de leurs compatriotes. Mais force est de constater que pour la plupart des fois, ils ne combattent plus des troupes étrangères. Au contraire, ils déstabilisent leurs propres compatriotes qu’ils oppriment et appauvrissent. Pour e découdre, il ferait mieux de convertir leur mobilisation armée en engagement politique et social au bénéfice du bien commun.
Pour les évêques, la politique doit être considérée comme un espace de vérité, d’émulation, de fraternité retrouvée et de collaboration au lieu de déchainement de violence et de vengeance.
Judith Asina
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