Contrairement aux rumeurs des réseaux sociaux, le Ministère de la Santé indique n’avoir jamais reçu de plainte ou d’information faisant état d’exploitation sexuelle de la part de son personnel dans le cadre de la riposte contre Ebola au Nord-Kivu et en Ituri en RDC. C’est la réplique à l’article publié dans le Guardian du 12 février 2019 où il lui a été demandé de corriger les fausses allégations basées sur une interprétation erronée des données préliminaires d’une évaluation conduite par le Comité International de Secours (IRC).
Le Ministère de la Santé signale avoir été très clair qu’il n’y aurait aucune tolérance pour ce genre de comportements. Pour cela, des mesures additionnelles sont mises en place en vue d’assurer un meilleur système de détection de ce type d’incidents dans la communauté.
En effet, ledit Ministère et ses partenaires œuvrant dans l’engagement communautaire effectuent régulièrement des recherches et des enquêtes de terrain sur différentes problématiques dans l’unique but d’améliorer et d’adapter la riposte contre l’épidémie d’Ebola. Il s’agit des enquêtes qui constituent des outils importants pour identifier et résoudre les potentiels problèmes identifiés.
Dans le cas des avances sexuelles, dit le Ministère, « International Rescue Commitee » (IRC) (Comité International de Secours en français) a effectué une évaluation à Beni sur l’impact de l’épidémie d’Ebola et de la riposte sur les femmes et les filles. Les résultats de cette évaluation sont toujours en cours d’analyse et un rapport final sera publié lorsque toutes les analyses seront finalisées. Lors des discussions dans les focus groupes, des participantes ont émis la crainte que certains services liés à la riposte contre Ebola soient offerts aux femmes et aux filles en échange de faveurs sexuelles compte tenu du contexte social et sécuritaire dans lequel elles vivent. L’IRC a clarifié que, lors des discussions, aucun service de la riposte en particulier n’avait été mentionné par les participantes. Par ailleurs, aucune participante des focus groupes n’a rapporté de cas individuels d’exploitation sexuelle en échange d’un quelconque service lié à la riposte contre Ebola.
Cependant, l’exploitation des groupes vulnérables en période de crise est une réelle problématique qui doit être prise en compte dans la conception et l’adaptation des stratégies de riposte contre Ebola. Il se fait que ces groupes vulnérables ne se limitent pas seulement aux femmes et filles, mais comprennent également les jeunes garçons, les personnes âgées et les personnes vivant avec un handicap.
Avec les partenaires, le Ministère continue d’effectuer des sondages et enquêtes communautaires afin d’assurer la protection de tous ces groupes vulnérables dans le cadre de la riposte contre l’épidémie d’Ebola au Nord-Kivu et en Ituri.
Statistiques
Depuis le début de l’épidémie jusqu’au mercredi 13 février 2019, le cumul des cas est de 823, dont 762 confirmés et 61 probables. Au total, il y a eu 517 décès dont 456 confirmés et 61 probables ainsi que 283 personnes guéries. 177 cas suspects en cours d’investigation.
Il y a également 4 nouveaux cas confirmés, dont 2 à Katwa et 2 à Butembo ; 1 nouveau décès de cas confirmé au CTE de Katwa ; 5 nouvelles personnes guéries sorties du Centre de Traitement Ebola (CTE), dont 2 à Butembo, 2 à Katwa et 1 Beni.
Toutefois, 78.464 personnes ont été vaccinées, dont 20.512 à Beni, 19.621 à Katwa, 9.007 à Butembo, 6.076 à Mabalako, 2.746 à Kalunguta, 2.411 à Goma, 2.200 à Komanda, 1.937 à Oicha, 1.663 à Mandima, 1.325 à Kyondo, 1.283 à Kayina, 1.157 à Karisimbi, 1.094 à Bunia, 1.064 à Vuhovi, 920 à Masereka, 772 à Mutwanga, 700 à Lubero, 590 à Rutshuru, 567 à Biena, 546 à Musienene, 527 à Nyankunde, 496 à Mangurujipa, 355 à Tchomia, 254 à Alimbongo, 207 à Kirotshe, 199 à Rwampara (Ituri), 125 à Nyiragongo, 97 à Watsa (Haut-Uélé) et 13 à Kisangani.
Bunia
Selon le Ministère de la santé, le décès communautaire rapporté mardi 12 février 2019 à Komanda est une femme résidant à Katwa qui était le contact connu de son mari décédé d’Ebola le 20 janvier 2019 à Katwa. Elle avait refusé le suivi des contacts et la vaccination. Lorsqu’elle a commencé à présenter des signes de la maladie, elle a fui avec l’aide de sa famille à Bunia où elle est décédée. Sa famille à Butembo a décidé d’amener le corps à Vuhovi pour l’enterrer à côté de son mari. Ayant reçu l’alerte, la coordination de la riposte à Butembo a informé les équipes de la division provinciale de la santé de l’Ituri pour retrouver le corps et la famille en fuite. Les services de sécurité ont intercepté la famille au niveau du point de contrôle Foner à Komanda avec le cadavre qui était déguisé et maquillé pour faire croire que la jeune femme était toujours vivante. Les analyses laboratoires des échantillons prélevés sur le cadavre et l’enterrement digne et sécurisé ont été réalisées à Komanda. Les membres de la famille s’étaient échappés mais les services de sécurité de la province les ont retrouvés plus tard.
Il faut signaler que ce cas a été classé à Komanda, là où la confirmation du diagnostic de la maladie à virus Ebola a été faite, conformément à la convention retenue pour cette épidémie. Étant donné qu’il est passé par Bunia durant sa maladie, une équipe mixte d’épidémiologistes et de vaccinateurs sont arrivés à Bunia le même jour pour des investigations approfondies afin de retracer son parcours à son arrivée à Bunia, identifier tous ses contacts et les vacciner.
Judith Asina
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