C’est la question à 1000 francs : Fatshi doit-il dissoudre ou pas ? La réponse est vite donnée, oui massif et instantané de la grande masse, et même du cardinal Ambongo, et la moue, pour les kabilistes. Mais n’y a-t-il pas piège et manipulation derrière ?
Le parlement, on ne le sait que trop bien, est un compromis entre un tiens et deux tu l’auras. C’était ça ou repartir pour un énième glissement, pour des élections à une date inconnue par un pouvoir qui ne demandait qu’à encore glisser, avec une CENI largement décriée.
Le FCC s’y est taillé la part du lion, d’où ce pouvoir dont il use et abuse. Dissoudre le parlement est toujours techniquement et politiquement possible. Il faudrait juste que Fatshi soit un peu démagogue, c.-à-d. qu’il promette d’abord d’organiser des élections dans les jours suivants pour constater qu’il n’y avait pas assez d’argent. Le glissement s’imposerait de facto et on gérera le chaos par la force.
Quant à la coalition, on se souviendra qu’elle a été proposée par Joseph Kabila lui-même, en préférence à la cohabitation. Elle a été présentée comme un partage de maroquins pour gérer ensemble, donc comme un geste de bonne volonté du FCC qui, du fait de sa majorité au parlement, pouvait prétendre à tous les postes ministériels.
Surprenant quand même quand on sait la propension des kabilistes à tout prendre pour eux-mêmes, et comme on s’en est rendu compte peu après avec les âpres négociations qui ont suivi pour la constitution du gouvernement.
Le véritable intérêt du FCC dans la cohabitation était d’appâter les membres du CACH par les postes et le gain y associé, et donc les affaiblir, et à travers eux le Président de la République. Il faut reconnaître qu’ils n’y ont pas vraiment échoué. L’UDPS par exemple était au bord de l’explosion entre autres à cause de ça.
Mais pourquoi avoir tant peur de la cohabitation ? Le seul vrai inconvénient qu’elle présente, dans le contexte du Congo actuel, qui n’est pas le même que la France de Mitterrand et Chirac, c’est que les partis de la majorité présidentielle (UDPS, UNC …) n’auront pas de ministres, donc pas le loisir de se constituer un trésor de guerre, sur le dos du contribuable, 2023.
Pour le reste, coalition ou cohabitation, quelle que soit la politique menée par le gouvernement, elle ne peut pas aller à l’encontre des intérêts du peuple ni de la loi. La preuve, le ministre FCC de la Justice, Célestin Tunda, sur le banc de touche, malgré le coup de fil rassurant de Ye Meyi.
Parlement de Mabunda ou pas, coalition ou pas, les deux seuls paramètres pertinents pour Fatshi c’est l’état de droit et le soutien du peuple. On a vu qu’avec le procès des 100 jours, même le Cardinal Ambongo, pourtant peu amène avec pouvoir de Fatshi, reconnaître les avancées de l’état de droit.
Quant au soutien populaire, celui qui a fait battre en retraite le duo Minaku-Sakata et qui fait vaciller le coup fourré du joker Ronsard Malonda, il est tel que même les enfants prodigues Martin Fayulu et Eve Bazaiba se sont remis dans le sens de marche de la belle unité d’antan contre le même Kabila. C’est tout bénef pour Fatshi.
Au final, voilà un président critiqué sans merci par les adversaires, pour lenteur, impuissance, ou autre, mais dont la cote de popularité paradoxalement se maintient plutôt bien. A examiner froidement les choses, la dissolution du parlement ou la dénonciation de la coalition coûteraient sans réelle plus-value.
Mais alors, pourquoi tire-t-on tant sur le président ? Parce qu’on n’a pas réfléchi, sinon par l’émotion. L’intelligence est de le soutenir dans une stratégie qui fait des résultats. Tant que des ministres impénitents peuvent être recalés, que l’état de droit prend du poids et que la rue gronde intelligemment, on est sur la bonne voie.
C’est ici l’occasion de recadrer l’action de l’Église Catholique. Les wewa et la rue n’ont pas eu besoin du Cardinal Ambongo pour faire ce qu’ils font. En revanche, on aurait besoin de Congolais de bonne volonté et épris de paix pour aider Joseph Kabila à intérioriser cette main tendue de Félix : « M’inspirant des saintes écritures, mon objectif n’est pas de voir les méchants périr, mais plutôt qu’ils changent, qu’ils soient sauvés et que le pays tout entier s’en réjouisse. ».
C’est paradoxal que l’église laisse cette importante mission à la MONUSCO, c.-à-d. aux étrangers, et préfère elle se retrouver aux barricades de l’opposition avec des homélies de combat. Tososola !
Serge Gontcho di Spiritu Santu (whatsApp + 243 81 27 22 490)
Conscience Nationale en Action (CNA)
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