Après Goma dans le Nord-Kivu, Oxfam a présenté hier, à l’espace Bilembo de Kinshasa, le rapport des études menées en août et septembre 2016 sur les mécanismes d’intégration locale pour les déplacés internes de cette province. Basée dans les territoires de Masisi et Lubero, cette étude avait pour objectif de récolter les données sur les mécanismes de leurs survies formelles et informelles à travers l’interaction avec les communautés d’accueil. Entendu que la stratégie nationale de solutions durables n’a toujours pas été adoptée au niveau national, des recommandations ont été soumis aux Autorités, au Coordonnateur du HCR et PNUD, à la Monusco ainsi que ONG internationales et bailleurs de fonds.
Aux autorités nationales et provinciales, Oxfam préconise entre autres de prendre le temps de consulter les personnes déplacées et les communautés hôtes. Au-delà de cela, il leur est demandé d’inclure leurs mécanismes de survie existants dans les plans locaux. Les échanges d’expérience régionaux avec les pays voisins confrontés à une situation similaire avec des personnes déplacées internes ou des refugiés, comme la Tanzanie ou l’Ouganda, devraient être favorisés. Aussi, des plans locaux de solutions aux déplacements doivent-ils être développés pour chaque groupement en prenant en compte la spécificité de chaque contexte.
Pour le Coordonnateur humanitaire et agences de l’ONU, particulièrement le HCR et PNUD, Oxfam estime qu’il devrait considérer les familles d’accueil comme les bénéficiaires de la stratégie de solutions durables au même titre que les déplacés. Selon ce rapport, la distinction faite depuis des années a provoqué des effets pervers tels que l’accroissement des tensions au sein des communautés entre les vrais et faux déplacés et la stigmatisation des déplacés vivant dans le camp. Cela exigerait de rendre le financement international moins restrictif et normatif quant à la manière dont il peut être utilisé.
Cependant, il y a nécessité l’unité d’appui à la stabilisation d’être en charge du soutien fourni par la Monusco. Car, la recherche de solutions de long terme au déplacement est liée et comprend certains des objectifs de stabilisation comme décrits dans la Stratégie Internationale de Soutien à la Sécurité et la Stabilisation (ISSSS).
Les ONG et bailleurs de fonds par ailleurs, sont appelés à encourager au même titre que ceux qui supportent le retour. Cela, entendu qu’en promouvant les opportunités d’intégration locale au même titre que les programmes de retour, ils permettraient aux personnes déplacées de pouvoir faire un vrai choix informé en leur donnant des alternatives crédibles.
De la recherche…
Huit communautés ont été consultées pour cette recherche à Masisi et Lubero à raison de quatre par territoire. Dans chaque d’entre elles (communautés), huit groupes de discussion et quarante entretiens individuels ont été réalisés. Ce qui fait un total de plus de six cents personnes consultées. Pour ce faire, les participants ont été recrutés selon différents critères tels que la catégorie professionnelle, l’ethnie, la durée du déplacement et l’âge.
Le rapport indique qu’en décembre 2016, le Masisi accueillait 137.000 déplacés et Lubero 327.000. Le contexte de déplacement dans le premier se caractérise par la présence des camps de déplacés et par de fortes tensions ethniques, notamment entre les déplacés hutu et les populations se revendiquant autochtones telles que les Hunde, sur fond de conflits historiques et fonciers.
Au Sud de Lubero par contre, les camps de déplacés n’existent pas et les personnes déplacées sont exclusivement accueillis dans des familles d’accueil. Seulement, les tensions entre déplacés et communautés d’accueil ne sont pas de nature ethnique dans les lieux où Oxfam a enquêté. La majorité des déplacés étant Nande, comme les familles d’accueil mais cristallisent autour de la réduction des ressources c’est-à-dire, espace, nourriture et eau.
Malgré la diversité des contextes, la recherche démontre que les déplacés qui jouissent du meilleur niveau de vie sont ceux qui bénéficient d’un certain niveau d’intégration dans les communautés d’accueil. Ce qui se fait notamment grâce à l’accès à des opportunités économiques qui favorisent l’acceptation par les populations hôtes.
Judith Asina
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