Les participants à la rencontre des travailleurs des entreprises publiques, des retraités, des agents et fonctionnaires de l’Etat demandent au Président de la République Démocratique du Congo, de mettre à la disposition de la Justice, plus de moyens logistiques et humains. Cela, afin de combattre le fléau de vol organisé des salaires, entretenu par des dirigeants desdites entreprises et hauts cadres de l’Administration publique. Ils ont constaté à l’issue de ces travaux que ce drame est plus dangereux que le virus d’EBOLA et tue plus que le SIDA.
Ils se sont réunis lundi 4 mars 2019, au siège de l’Institut de Recherche en droits Humains (IRDH) à Lubumbashi dans le but d’analyser le programme d’urgence pour les 100 premiers jours de Felix Tshisekedi, Président de la République en rapport avec l’endémie du vol systématique des salaires, de la corruption et de l’impunité des présumés auteurs. Afin d’assurer un suivi régulier de leur démarche, ils ont créé la Coalition pour les Droits sociaux et Services Publics (CDSP).
Il se dégage que le Président n’a pas rencontré le degré de gravité du fléau dénoncé depuis plusieurs années et en cours d’exécution par des hauts cadres de l’Etat, notamment dans des entreprises du portefeuille de l’Etat, des régies financières, de l’Administration Publique et leurs partenaires de la chaîne d’approvisionnement des biens et services. Pour ces chercheurs, la politique consistant à violer systématiquement des droits économiques et sociaux des travailleurs, agents et fonctionnaires de l’Etat est solidement assise sur deux piliers en béton que sont : La corruption et l’impunité.
Système de corruption avancé
En effet, des hauts cadres, tels que des Présidents des Conseils d’Administration (PCA), Administrateurs Directeurs Généraux (ADG) et Directeurs Généraux (DG), abusent régulièrement de la chaîne de commandement, en ordonnant des soustractions frauduleuses des sommes d’argent destinées à la paie des salaires. Ils constatent que ces pratiques illicites ont de l’ampleur inquiétante à la Société Nationale des Chemins des Fers (SNCC) où, des cas de pensionnés ayant obtenu des décisions judiciaires irrévocables exigeant à l’entreprise de leur octroyer des droits et indemnités, sont superbement ignorées.
Par ailleurs, Les PCA et ADG de la Gecamines contraignent à la disette leurs propres agents ainsi que ceux de la Société Générale de Télécommunication (SOGETEL) dont la GECAMINES est actionnaire unique et principale consommatrice des services de télécommunication. La créance viagère des agents SOGETEL reconnue par l’administration de la GECAMINES est ignorée par les deux dirigeants.
Aussi, toujours est-il que l’ADG de la Société de Développement Industriel et Minier du Congo (SODIMICO) est accusé de dilapider des revenus des partenariats, au détriment des salaires du personnel de l’entreprise. A la Société Congolaise des Postes et Télécommunications (SCPT), en dépit de l’interdiction de nomination et mise en place des agents en cette période transitoire, le DG déstabilise, à partir de Kinshasa, la Direction provinciale, afin de se rassurer l’accès aux finances locales.
Selon ces chercheurs, toutes ces pratiques illégales persistent, d’une part, à cause de l’impunité administrative que les PCA, ADG et DG garantissent à leurs complices internes. De l’autre, les cours et tribunaux et les parquets y rattachés, assurent l’impunité judiciaire des dirigeants. Les parquets et autres services habilités n’enquêtent pas sur des dénonciations d’abus des droits économiques et sociaux.
Vivement la justice
L’avènement du nouveau Président de la République en janvier 2019, suscite un grand espoir de changement systématique au sein des entreprises du portefeuille de l’Etat et de l’Administration publique. Mais, l’affaiblissement des canaux traditionnels de revendication sociale, notamment des syndicats, a conduit à la mise en place de la Coalition pour les Droits sociaux et Services Publics (CDSP). Ce réseau vise à faciliter la bonne articulation et l’orientation des plaidoyers demandant aux autorités compétentes l’application des obligations de l’Etat relatives aux droits économiques, sociaux et services publics.
La CDSP est un projet des chercheurs de l’IRDH ouvert à toute autre personne ou ONG, sans discrimination aucune, s’estimant être bénéficiaire des droits économiques, sociaux et services publics garantis par la Constitution de la RDC ainsi les instruments internationaux.
Ainsi, recommandent-ils notamment au Président de la République, de mettre à la disposition de la Justice, plus de moyens logistiques et humains. Le Procureur Général de la République (PGR) se son côté, devrait initier des enquêtes sur des cas de vol des fonds devant servir à payer des salaires, et traduire les présumés auteurs devant des juges compétents. Tandis que les victimes devraient se mobiliser pacifiquement et en masse devant leurs dirigeants, pendant tous les 100 jours, jusqu’à obtenir gain de cause. Car sans attendre des instructions du nouveau Président, il y a lieu que le PCA et l’ADG de la GECAMINES, les DG de la SNCC, de la SOGETEL et de la SCPT, ainsi que l’ADG de la SODIMICO s’investissent à rentrer dans la normalité, en examinant urgemment des dossiers relatifs aux rentes des pensions, salaires dus au personnel, aux décisions judiciaires devenues inattaquables et autres plaintes des travailleurs.
Judith Asina
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