Le nouveau coronavirus pourrait pousser davantage de personnes à se déplacer par nécessité alors que la faim augmente dans les communautés migrantes et déplacées, selon un nouveau rapport de l’ONU publié ce mardi à Genève.
NEW YORK, USA, le 12 Novembre 2020,-/African Media Agency (AMA)/-Selon ce rapport de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et du Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations Unies, la faim et les mouvements de population, qui avaient déjà atteint des niveaux records au début de la pandémie de Covid-19, pourraient s’intensifier.
Il montre comment la pandémie a aggravé l’insécurité alimentaire et accru la vulnérabilité des migrants, des familles qui dépendent des envois de fonds et des communautés contraintes de quitter leur foyer en raison de conflits, de violences et de catastrophes.
Les deux agences des Nations Unies avertissent que le bilan social et économique de la pandémie pourrait être dévastateur. Elles appellent le monde à la prévenir en intensifiant le soutien en réponse aux besoins humanitaires immédiats et croissants. Il s’agit ainsi de s’attaquer aux impacts socio-économiques de la crise et de veiller à ce que les plus vulnérables ne soient pas oubliés.
« L’impact socio-économique de la pandémie est plus dévastateur que la maladie elle-même », a déclaré le Directeur exécutif du PAM, David Beasley. « De nombreuses personnes dans les pays à faible et moyen revenu, qui étaient pauvres il y a quelques mois mais qui s’en sortaient à peine, constatent aujourd’hui que leurs moyens de subsistance ont été détruits », a-t-il ajouté.Unsplash/Jason LeungLa pandémie de Covid-19 pourrait engendrer une baisse de 14 % des envois de fonds vers les pays à faible et moyen revenu d’ici 2021.
Baisse record des transferts d’argent vers les pays en développement
Les 164 millions de travailleurs migrants dans le monde, en particulier ceux qui travaillent dans le secteur informel, sont parmi les plus touchés par la pandémie. Ils travaillent souvent dans des secteurs temporaires ou saisonniers pour de faibles salaires sans avoir accès aux systèmes de protection sociale.
En période de crise économique, ces populations sont souvent les premières à perdre leur emploi. Dans le même temps, l’interruption du travail agricole saisonnier pourrait avoir des répercussions sur la production et la distribution des denrées alimentaires. Ce qui pourrait affecter la disponibilité des denrées alimentaires aux niveaux local et régional.
Sans revenu durable, le rapport avertit donc que de nombreux migrants seront non seulement poussés à rentrer chez eux, mais qu’ils provoqueront également une baisse temporaire des envois de fonds. Des envois d’argent qui constituent une bouée de sauvetage essentielle pour environ 800 millions de personnes – soit une sur neuf – dans le monde.
« Il est de notre responsabilité collective de sauvegarder les droits des personnes en déplacement et de veiller à ce qu’elles soient protégées contre tout nouveau préjudice », a déclaré le Directeur général de l’OIM, António Vitorino.
Plus largement, la pandémie de Covid-19 a rendu les moyens de subsistance des migrants de plus en plus rares, et la Banque mondiale prévoit une baisse de 14% des envois de fonds vers les pays à faible et moyen revenu d’ici 2021. Les conséquences pour la sécurité alimentaire pourraient être dévastatrices.
« Les envois de fonds des travailleurs à l’étranger vers leurs familles au pays se sont également taris, ce qui a entraîné d’immenses difficultés. En conséquence, les taux de sous-alimentation montent en flèche dans le monde entier », a fait valoir M. Vitorino.Photo: Guy Oliver/IRINDes migrants du Zimbabwe dans un refuge temporaire en Afrique du Sud (photo d’archives).
La vulnérabilité des migrants en Afrique du Sud
En Afrique de l’Ouest par exemple, les envois de fonds des migrants se sont élevés à plus de 34 milliards de dollars américain en 2019. Selon l’ONU, ils devraient diminuer cette année car « les migrants ont de plus en plus de mal à trouver un emploi dans le contexte de la pandémie ». De façon générale, les envois de fonds dans les pays d’Afrique subsaharienne devraient chuter de 8,8% en 2020, puis de 5,8% en 2021.
Dans un pays comme l’Afrique du Sud, le porte-parole du PAM estime que plus de trois millions ont perdu leur emploi. Une telle situation affecte par extension les pays d’Afrique australe.
Dans ce pays, la plupart des travailleurs migrants sont originaires généralement du Zimbabwe, du Mozambique, du Lesotho et même de la République démocratique du Congo (RDC). « Certains travailleurs migrants sont rentrés dès la levée progressive des restrictions aux frontières liées à la pandémie de Covid-19. Et certains migrants n’espèrent pas retourner en Afrique du sud dans un court délai », a déclaré Tomson Phiri, porte-parole du PAM lors d’un point de presse à Genève.
Selon l’agence onusienne basée à Rome, cela veut dire que la faim menace les migrants, mais aussi leurs familles. « Car les envois servent à acheter des vivres. Or avec la baisse des transferts de fonds, nous risquons de faire face à une augmentation de la faim », a mis en garde le porte-parole du PAM.
Tout faire pour limiter « l’impact immédiat sur les plus vulnérables »
Comme pour aggraver ces projections, le PAM prévoit que d’ici à la fin de 2021, au moins 33 millions de personnes supplémentaires pourraient être poussées vers la famine en raison de la seule baisse prévue des envois de fonds.
D’une manière générale, « l’impact de la pandémie sur la façon dont les gens se déplacent est sans précédent ». En effet, les mesures et les restrictions mises en place dans plus de 220 pays, territoires ou zones pour contenir la propagation du coronavirus ont limité la mobilité humaine, les possibilités de travailler et de gagner un revenu. Une situation qui a mis à rude épreuve la capacité des personnes migrantes et déplacées à se procurer de la nourriture et à satisfaire d’autres besoins fondamentaux.
« L’insécurité alimentaire et les déplacements sont étroitement liés », ont relevé les deux agences onusiennes, qui ajoutent que « la faim – surtout lorsqu’elle est associée à un conflit – est un facteur qui pousse les gens à se déplacer ».
Neuf des dix pires crises alimentaires mondiales se produisent dans les pays qui comptent le plus grand nombre de personnes déplacées internes. Parallèlement, la majorité des personnes déplacées se trouvent dans des pays touchés par une insécurité alimentaire et une malnutrition aiguë.
Les deux agences appellent la communauté internationale à faire en sorte que tous les efforts soient faits pour limiter l’impact immédiat sur les plus vulnérables, tout en assurant des investissements à plus long terme qui garantissent une voie vers la reprise.
« L’impact de la crise de Covid-19 sur la santé et la mobilité humaine menace de faire reculer les engagements mondiaux, notamment pour le Pacte mondial sur les migrations, et d’entraver les efforts en cours pour soutenir ceux qui ont besoin d’aide », a conclu le chef de l’OIM, António Vitorino.
Distribué par African Media Agency (AMA) pour ONU Info.
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