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CLC, cheval de Troie de l’Eglise (Tribune de l’Analyste Serge Gontcho)

La marche du CLC du 19 juillet, intervenant après celles de l’UDPS et de LAMUKA laisse songeur. Que cherche-t-il réellement ? C’est quoi et c’est qui derrière le CLC ? Il y a un double fond assurément. Tout n’est pas dit, tout n’est pas clair.

D’abord, les organisations politiques CACH et LAMUKA avaient déjà donné suffisamment de la voix lors des premières manifestations pour contester l’entérinement de Ronsard Malonda et s’opposer à la proposition de loi Minaku-Sakata sur la réforme de la justice. Les deux se complétaient dans le sens où elles pouvaient être considérées comme une re-Union sacrée des anciens frères ennemis contre l’adversaire commun FCC. La marche du CLC apportait quoi de plus? Alors pourquoi l’organiser ? Pourquoi n’avoir pas joint ses efforts aux deux premières manifestations?

On sait que le CLC n’a pas de membres. Pour preuve, ses dernières marches contre l’insécurité à Beni ont été très peu suivies. On se souvient aussi que dans un passé récent, vers le début de l’année 2018, l’Eglise catholique avait interdit les réunions du CLC dans ses paroisses. Qu’est-ce qui justifie ce soudain retour en grâce, parce que l’on a vu des processions partir des paroisses, avec pleins de paroissiens en guise de marcheurs? C’est donc l’église qui fournit des militants au CLC. L’on se souvient aussi de la marche des chrétiens de l’époque Mobutu. On peut déduire que c’est le clergé catholique, précisément l’Archevêché de Kinshasa, dirigé aujourd’hui par le Cardinal Ambongo, qui s’invite dans le débat politique. Est-ce justifiable ? Non, même si cela s’est fait les années précédentes, parce que l’élite congolaise avait renoncé à l’utilisation de la raison et de la réflexion.

L’Eglise reste-t-elle toujours au milieu du village? En effet, pourquoi avons-nous laissé les églises jouer les premiers rôles dans les affaires du pays, alors que l’état est laïc. De quel droit Sonny Kafuta, Denis Lessie et Ambongo doivent décider de qui sera président de la CENI ? Pourquoi un personnage indépendant et compétent, comme par exemple l’activiste Leonnie Kandolo, ou encore Jean-Claude Katende, intellectuels et féticheurs notoires, doivent-ils solliciter l’adoubement d’une église de réveil pour présenter leur candidature à une fonction pour laquelle ils ne sont pas moins compétents que les autres ? C’est de la discrimination de laïcs en faveur des religieux dans un état constitutionnellement laïc. Il y a quelque part violation de la Constitution.

Il est temps que les évêques et pasteurs laissent la place à leurs laïcs pour exercer. Si les pasteurs n’ont pas été en mesure de former les laïcs aux charges séculières, ils n’ont pas à se prévaloir de leurs propres turpitudes. Par ailleurs, l’échec de l’église à rendre les laïcs compétitifs est suspect, puisque l’église catholique est plutôt réputée pour l’art de former avec ses écoles et universités. Il s’agit peut-être d’un refus inconscient de voir les laïcs s’émanciper, ce qui garantit la pérennité du dépannage des pasteurs eux-mêmes, pour aider les laïcs éternellement immatures. C’est l’infantilisation des laïcs. Le temporaire, comme l’expertise combinée à la neutralité de Monseigneur Monsengwo en tant qu’intellectuel et société civile pour diriger les travaux à la Conférence Nationale Souveraine, s’est transformée en permanent. C’est le même schéma qu’avec la MONUSCO et tous les organismes humanitaires qui aident pendant des décennies, et qui ne veulent pas abandonner. Une aide qui cache bien le fait que la plus grande partie contribue à mieux payer ceux qui apportent l’aide. C’est du business !

Oui, on nous dira que la société civile n’arrive pas à se mettre d’accord. C’est possible, mais les églises non plus n’y arrivent pas. C’est toujours quelque part une forme de maffia. Le peuple congolais doit apprendre de ses erreurs. Commençons par poser la question. Ensuite, qu’on nous laisse le temps de nous organiser, nous trouverons des mécanismes justes pour résoudre ce problème une fois pour toutes. Trop de présence tue la présence. Aujourd’hui bien plus qu’hier, des voix s’élèvent pour dénoncer les maladresses de l’église qui l’amènent à creuser les clivages au lieu de rassembler. Il faut savoir quitter les affaires avant que les affaires ne vous quittent. Place aux laïcs.

Serge GONTCHO di Spiritu Sanctu (+ 243 81 27 22 490)
Conscience Nationale en Action (CNA)

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