Avec un Président de la république estampillé CACH et une Assemblée nationale battant pavillon FCC, la cohabitation était dans l’air du temps. La RDC pouvait bien se mettre à l’heure et à l’ère de la cohabitation. N’eût été le compromis historique ? ou le deal entre Joseph Kabila et Félix-Antoine Tshisekedi , les Congolais allaient , très vraisemblablement, expérimenter ce que les Français avaient connu à trois reprises .
D’abord entre 1986 et 1988, ensuite entre 1993 et 1995 et enfin entre 1997 et 2002. Au cœur de cette alchimie à forte odeur d’un oxymore, un homme : Jacques Chirac. Le même. Celui qui vient de tirer sa révérence à l’âge de 86 ans à Paris, la ville lumière qui l’a également vu naître.
Dans la première partie, il est à la manœuvre.
Chef du parti majoritaire, le Rassemblement pour la République (RPR) de l’opposition victorieuse des législatives, il devient Premier ministre.
Pour la première fois dans l’histoire de la Vème République, un Président socialiste devait cohabiter avec un gouvernement de droite.
Cinq ans plus tard, rebelote. François Mitterrand qui s’est fait réélire en 1988 perd la majorité à la Chambre. Coucou le revoilà. Cette fois-ci, le numéro 1 du RPR qui pouvait revenir à Matignon mais s’efface au profit d’Edouard Balladur.
En 1997, changement de configuration mais même scénario avec le même acteur central : encore et toujours Jacques Chirac. Dans ce troisième acte, le patron de la droite néo-gaulliste est à l’Elysée. Il doit composer avec la gauche plurielle qui vient de faire main basse à la régulière sur le Palais Bourbons. Cohabitation dans l’autre sens.
Un Président de droite face à un gouvernement de gauche.
Trois attelages iconoclastes qui montrent la résilience du régime semi-présidentiel ou semi-parlementaire consacré dans la Constitution aux aléas des résultats électoraux .
Moralité : avec une bonne dose d’intérêt général, de culture politique et de sens de l’État, le régime politique né à Sun City en Afrique du Sud est soluble dans tous les cas de figure pouvant résulter des urnes.
En ayant une pensée pour Jacques Chirac, les politiques congolais pourront toujours l’évoquer comme l’archétype de la cohabitation. Trois actes réussis. Chapeau à cet artiste qui quitte définitivement la scène politique.
Gloire BATOMENE
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