Dans plusieurs quartiers de la capitale, l’effervescence observée à la veille du 14 février a baissé d’un cran au fil des ans. En République démocratique du Congo, comme dans plusieurs pays occidentaux, le 14 février rime désormais avec la Saint Valentin, fête traditionnelle des amoureux. Occasion pour les tourtereaux d’exprimer leur attachement indéfectible à leur conjoint. La tradition veut que l’on envoie des cartes de vœu, des fleurs et des chocolats et que l’on s’habille en rouge et noir, symbole de l’amour dans l’univers occidental. Un tour dans les quartiers Yolo Nord et Sud, à Kalamu, a permis à MATININFOS.NET de constater que cette fête a perdu de sa superbe. Reportage.
Depuis une vingtaine d’années, la Saint Valentin est entrée dans les annales des fêtes les plus célébrées à Kinshasa. Jadis méconnue, cette fête des amoureux suscite désormais l’enthousiasme dans la capitale, autant que le Nouvel an, la Noël, la Pâques et la Journée internationale de la femme, commémorée le 8 mars de chaque année. Toutefois, ces cinq dernières années, l’effervescence observée à la veille du 14 février a baissé d’un cran, d’autant que la célébration de cette festivité ne semble plus susciter d’engouement, comme l’ont constaté nos reporters hier. «Le 14 février est un jour ouvrable comme tout autre. Si ce n’était pas le cas, j’aurai déjà regagné mon toit après le boulot pour me reposer, car le lendemain matin, ce serait férié. Je ne me rendrais au travail qu’un jour plus tard. Or, ce n’est pas le cas», nous confie Rudy Muyumba, la vingtaine révolue. Comme Rudy Muyumba, nombre de Kinois ne se sont pas préparés à cette festivité qui les allumaient autrefois.
Dans plusieurs bars, terrasses et boîtes de nuit, aucune précaution n’a été prise pour augmenter l’offre, en prévision de la forte clientèle qui serait attendue. De même, les salons de coiffure, les boutiques, les marchés, les restaurants… trouvaient leurs comptes, vu les folles dépenses pour plaire aux partenaires. Abordé à cet effet, Rach Mabandu, propriétaire d’une buvette à Matonge, affirme avec nervosité qu’il ne voit plus l’opportunité d’augmenter la quantité de boissons ou de sièges à l’approche de cette fête qui ne draine plus grand’ monde. Les coiffeurs, tenanciers des échoppes, détenteurs des restaurants… manifestent leur désintérêt, ne s’attendant plus du tout à faire de bonnes affaires. Abordé dans les rues de Yolo Nord, un des quartiers chauds de la commune de Kalamu, ce jeune engagé ne s’est pas du tout préparé à fêter d’une manière particulière avec sa tourterelle. La journée ne lui dit plus grand’chose, contrairement aux années précédentes où il s’adonnait aux actions d’éclat.
Par ailleurs les tenanciers des terrasses aussi de leurs côtés n’accordent aucune importance à cette journée pour eux, ce serait un jour comme tous les autres. d’où aucune nécessité d’organiser un grand événement. «Aucune activité n’a été mise en place jusque là et je ne compte pas le faire non plus. La tarification de mes boissons ne changera pas. Il n’y aura pas de promotion de bière», nous souffle, sous couvert d’anonymat, le patron d’une terrasse et d’une boîte de nuit de la place. Il en est de même pour les couturiers qui n’ont pas reçu des commandes particulières pour ladite journée. Une dizaine d’années plus tôt, l’engouement était au rendez-vous dans tous les débits de boissons. La ville était en pleine ébullition. On voyait, non seulement les mariés prendre d’assaut ces lieux des liesses, mais aussi des fiancés et beaucoup plus des célibataires. L’occasion est même devenue propice pour les couples des infidèles. Des couples qui ne duraient plus que l’espace d’un matin. Dans ces genres de cas où la débauche prenait de l’ampleur, des couples des mariés finissaient par divorcer, au point où cette fête d’origine chrétienne était désormais taxée de ‘‘festivité païenne’’. Fort malheureusement cette journée a basculé vers un désamour. À la base, des incidents produites pendant ou après ce jour.
«Nous avons vu des choses. Les foyers se dissoudre, les couples se briser par des commérages et autres. Alors, je ne vois plus moi personnellement d’intérêt. C’est un jour où beaucoup de choses non souhaitables arrivent. Ma nièce, par exemple, s’est fait engrosser deux ans passés le jour de cette fête. Dès lors, moi, mère de famille, je suis contre cette journée. Je ne permettrais plus à aucune de mes filles de s’absenter de la maison le jour j», tempête Jacquie Kitoko, mère de 5 enfants.
Par ailleurs, les jeunes garçons rencontrés sur le terrain pensent que c’est un jour particulier, mais qui devrait être célébré sans le moindre tapage.
«C’est une journée comme toutes les autres, mais j’ai toujours considéré que la seule particularité, c’est que les gens trouvent une occasion de se retrouver en couple pour passer de bons moments. Je ne vois donc pas d’inconvénients à célébrer la Saint Valentin», affirme Junior Mukenze, la vingtaine révolue.
Gloire BATOMENE
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