Des gérants de bars et terrasses de la ville de Kinshasa montent au créneau et invitent le Chef de l’État, Félix-Antoine Tshisekedi à assouplir les mesures prises pour juguler la 3è vague de la pandémie de coronavirus. Ces responsables ont du mal à nourrir les deux bouts du mois à cause de ces mesures draconiennes. C’est le cas de l’Espace Bloc au quartier Bisengo et ses environs dans la commune de Bandalungwa. Descente sur terrain dans la soirée du samedi 7 août.
La commune de Bandalungwa surnommée « Paris » par ses habitants essaie tant soi peu de s’adapter aux différentes mesures prises par le Chef de l’État depuis le mois de juin. Mais ces décisions sont loin de rencontrer l’assentiment des Dallois évoluant dans ce secteur.
Il est 20h, nous débarquons dans cette commune réputée festive. Vers Tshibangu à « Kash man », c’est un silence de cimetière. Les clients désertent.
10 minutes après, nous voici à l’Espace Bloc. Il y a du monde. Une ambiance mais sans musique.
Des propriétaires et gérants se plaignent des conditions dans lesquelles ils travaillent.
Le Gouvernement central protège les uns comme c’est le cas des églises et abandonnent les autres à leur triste tort, entre autres les bars. Pas de distanciation physique, le respect de gestes barrières, hormis le port de masques pose problème.
« C’est vraiment déplorable. Les mesures prises par le Chef de l’État sont bonnes pour lutter contre la 3è vague du coronavirus. Mais elles sont discriminatoires dans ce sens où les uns sont favorisés au détriment des autres. Les églises fonctionnent à plein régime. Plus de 2000 fidèles répondent présent au culte. À part le port de masques respecté par certains clients, aucune mesure n’est respectée. Pas de distanciation physique, plusieurs personnes foulent aux pieds des gestes barrières. Nous sommes des responsables de familles, nous avons des enfants à nourrir et à scolariser« , a indiqué une vendeuse des brochettes, poulets, poissons grillés et fumés au niveau de Bloc, qui s’est livrée à cœur ouvert qui a requis l’anonymat.
A plus de 5 m et 10 m de là, à l’Espace » Toujours no stress », les clients sirotent la bière et les sucrées au vu et au su de tout le monde mais sans musique. La distanciation physique est de mise mais le port de masques est effectif pour les uns et boudé par les autres.
NOURRIR LES DEUX BOUTS DU MOIS, UN CASSE-TÊTE
Pas loin, au niveau de la terrasse » Sandra Mbongo », au moins 10 clients sont assis dans le noir. Le gérant Trésor tire le diable par la queue pour payer le loyer et se livre au cache-cache avec la Police nationale congolaise ( PNC). Pour lui, Fatshi seul peut décanter cette situation.
« Il y a des clients qui viennent pour goûter aux délices de la vie le week-end en vue d’évacuer la pression, les stress du travail et surtout au pays avec cette crise. C’est un véritable cache-cache entre nous, tenanciers de bars et terrasses avec les Forces de l’Ordre. Nous payons le loyer à 150 USD chaque mois. La crise ne fait que battre son plein. Difficile de payer le loyer et subvenir à certains besoins. Je suis étudiant à l’Institut national des bâtiments et travaux publics ( INBTP). Notre terrasse s’ouvre généralement l’après-midi jusqu’à 22h« , a-t-il explicité.
Sur l’avenue Kasa-Vubu, chez Ya Lus, Me Ramy Kalala dénonce cette politique de deux poids deux mesures des autorités politiques.
Pour ce trentenaire résidant sur l’avenue Isangi, « l’ État congolais doit revoir sa décision sur les bars, terrasses, boîtes de nuit étant donné que ceux qui gèrent au quotidien ces activités commerciales ont le devoir de régulariser le loyer, nourrir les personnes qui dépendent d’eux.
D’ailleurs lors de la levée de la première vague, les bars et terrasses ont rouvert en premier lieu », a-t-il souligné.
Le mercredi 4 août, un bon nombre de DJ, des gérants de bars, terrasses, discothèques, boîtes de nuit ont marché à Kinshasa pour réclamer la réouverture de leurs activités.
La 3è vague sévit en RDC depuis le 3 juin et de fortes mesures ont été prises par le Chef de l’État, le 15 juin pour endiguer cette pandémie.
Gloire BATOMENE
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