Une fausse fièvre veut s’inviter dans la vie politique de la RDC, avec la pseudo affaire du contreseing du Premier ministre, régulier ou irrégulier, sur les nominations effectuées par le Président de la République au sein de l’armée et de la police la semaine dernière. Le Premier ministre, qui était en mission de trois jours au Katanga lors de la publication de ces ordonnances, dit n’avoir pas été informé ni consulté par l’intérimaire qui a signé à sa place.
Secret de polichinelle, le Premier ministre était bel et bien informé comme tout le monde d’une imminente mise en place aux seins de l’armée et de la police. John Numbi lui-même, le Général à tout faire de Kabila, savait qu’il était sur le départ, raison pour laquelle il avait snobé la rencontre convoquée quelques jours plus tôt par le Chef de l’État avec les généraux.
L’absence du Premier ministre Ilunkamba était de même nature que la maladie diplomatique du président de la cour constitutionnelle Benoît Lwamba, c.-à-d. une résistance passive, si pas une révolte, des lieutenants de Kabila qui ne veulent pas noircir davantage leur dossier alors que le vent de l’histoire est en train de tourner.
En effet, depuis dix-huit mois, Kabila a perdu un collaborateur de taille au Parlement en la personne de Modeste Bahati, et le président de la cour constitutionnelle qui a démissionné à l’anglaise. Ses attaquants de pointe Alexis Thambwe Mwamba (Sénat) et Jeannine Mabunda (Assemblée nationale) se sont pris les pieds dans le tapis, dans leurs tentatives de putsch manquées, le premier quand il a voulu convoquer inopportunément le Congrès, la seconde en échouant à introniser Malonda comme Président de la CENI ou à faire adopter les lois Mikanu-Sakata.
Perdus également, ou réduits à un silence craintif, le tonitruant Shadary Coup pour Coup et le trop zélé Célestin Tunda ya Kasende, ministre démissionnaire de la Justice. Et la météo politique qui annonce des évasions en cascade dans les jours à venir ! Sale temps !
Inutile donc de se perdre dans des juridismes sur le contreseing, la question est simplement politique. Ilunkamba n’a aucun intérêt à ramasser des balles perdues, à l’âge de la retraire. Masuwa ezindaka na libongo dit-on. Faire lire ses inquiétudes par son porte-parole au lieu de s’exprimer lui-même est une façon de se démarquer de l’esprit va-t-en guerre de ses compagnons du FCC.
Sinon, s’il était réellement mécontent, pourquoi ne pas démissionner tout simplement ? Quant au communiqué-réaction de la conférence des présidents du FCC, c’est une gesticulation sans contenu ni conviction, comme la promesse d’une marche de soutien aux institutions, qui n’aura jamais lieu. Dans tout ça, Kabila n’a rien dit, et il a l’habitude de laisser gesticuler ses laudateurs. Il sait que ces actes de défection et de résistance passive vont faire des émules, que le navire prend eau, comme avec Mobutu en fin de règne.
C’est l’occasion pour les églises de jouer leur vrai rôle de messagers de la paix et de la réconciliation (plutôt que de jouer à la politique derrière le CLC). Kabila a peur pour ses biens, pour les crimes qui lui sont imputés, pour sa famille biologique, pour son enfance volée par les hommes de guerre.
Kabila a peur pour les Occidentaux, ses amis d’hier qui l’ont fabriqué et utilisé contre son peuple, contre Jean-Pierre Bemba (2006) et EtienneTshisekedi (2011), pour les minerais, et qui le menacent aujourd’hui de CPI. La vraie question aujourd’hui pour lui comme pour nous c’est de discuter mbunzu na mbunzu la question de l’armistice, entre nous Congolais. Le reste viendra après.
Serge Gontcho di Spiritu Sanctu (+ 243 81 27 22 490)
Conscience Nationale en Action (CNA)
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