C’est le 18 octobre 2016 qu’a été signé à la cité de l’Union africaine l’Accord politique du dialogue, convoqué deux années plus tôt par le Président Kabila, avant de se mettre péniblement en branle, bien que décrié par une bonne frange de la classe politique. Aujourd’hui, l’on sait qu’il s’agissait d’un véritable marché de dupes qui cachait mal les vrais objectifs de la Majorité présidentielle, à savoir gagner du temps et peut-être avoir les fanatiques du respect de la Constitution à l’usure. Comme seuls les naïfs ne pouvaient s’y attendre, aujourd’hui, à peine 24 jours plus tard, l’accord est déjà violé.
Alors qu’Alexis Thambwe Mwamba répétait encore il ya peu, en conférence de presse que « le président Kabila respectera l’intégrité de toutes les dispositions de l’accord issu du dialogue », l’incertitude grandit de plus en plus. Aux termes de l’accord du 18 octobre qui entre en vigueur « à la date de sa signature » et non le jour de la transmission de l’accord auprès du Président KABILA, l’’on attendait le nouveau gouvernement au plus tard le mardi 08 Novembre. Dommage, jusqu’à ce jour, le gouvernement tarde à venir. L’accord du Camp Tshatshi est déjà violé. La Majorité présidentielle et ses acolytes (opposants du dialogue) viennent unilatéralement de modifier le chronogramme des différentes dates.
Pour la majorité présidentielle et les opposants dialogueurs, l’accord n’entre finalement en vigueur que le jour où il a été reçu par le chef de l’Etat, c’est-à-dire le 24 octobre. C’est là la première avanie. Et donc, personne ne peut déjà dire aujourd’hui s’il faut réadapter toutes les dates à + 6 jours.
Le texte signé le 18 octobre 2016 prévoyait « dans les vingt (20) jours qui suivent la signature du présent accord, la Céni prépare un budget détaillé pour l’ensemble du processus électoral et le soumet au gouvernement ». C’est-à-dire au plus tard le lundi 7 novembre 2016. On n’a jamais vu ce budget ni oui les explications de qui que ce soit, même pas Corneille Nangaa, qui s’en fiche d’ailleurs, n’ayant d’ordre à recevoir que de qui seul il sait.
Pourquoi alors la première date de l’accord du dialogue a été violée ?
Au sein de la MP où seuls les faucons se frottaient les mains, d’aucuns, le président Kabila en tête, ne sont convaincus que l’accord du 18 octobre a réussi à désamorcer la crise. Ce qui fut pourtant le principal objectif de la convocation de ces assises. C’est dans ce cadre qu’il faut comprendre la main tendue à la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) pour une ultime mission de bons offices auprès de l’aile dure de l’Opposition, à savoir le Rassemblement des Forces politiques et sociales acquises au changement, afin de réussir l’inclusivité évoquée dans l’ordonnance convoquant le Dialogue.
De sources proches, le Président KABILA serait rendu vraiment compte de la non inclusivité de ce dialogue car les gros poissons de l’opposition en ont été dehors. Vital Kamerhe, steve MBIKAYI, Jean lucien BUSSA et consorts ne représentent pas grand chose et leur présence ne résoudra pas la crise politique actuelle. Le Rassemblement pèse ; le président Kabila ne l’ignore pas. Conséquence logique, avec cette fois ici son aval, les évêques ont repris leur bâton de pèlerin avec une nouvelle mission de bons offices. Joseph KABILA aurait lui-même demandé à la Cenco de rapprocher les points de vue. Une demande qui s’est matérialisée lundi 31 octobre par une rencontre entre les évêques et plusieurs responsables de l’opposition qui rejettent l’accord politique signé entre la majorité et une frange de l’opposition.
Les évêques n’avaient pas caché leurs inquiétudes de voir des divergences trop grandes exister entre les participants au dialogue et les autres, estimant que cela pouvait entrainer un nouveau cycle de violence. Ils avaient également posé des conditions à de nouvelles discussions : une présidentielle en 2017 et la réaffirmation de la limite du nombre de mandats du Président sortant.
Autre cause de cette violation de l’article 25 de l’accord: la course à la primature
Vital Kamerhe qui s’était précipité dans les bras de Joseph Kabila n’est même plus totalement sûr de décrocher le poste de Premier ministre. Certains autres noms de récipiendaires sont également évoqués , notamment ceux de Léon Kengo wa Dondo, actuel Président du Sénat et du Sénateur MUKONDA BONZA. Mais tel que l’on connaît le Président du Sénat, il est presque acquis que ce dernier, au cas où le poste lui était proposé, déclinerait l’offre.
Selon les dernières nouvelles, ce n’est finalement que le 5 décembre que ce gouvernement verra le jour. Soit un retard de près d’un mois sur le chronogramme. Faut-il dès lors réajuster une fois de plus le chronogramme du dialogue de 28 jours ? Personne ne peut répondre à la question.
Les premières distorsions constatées présagent que la suite du chronogramme a beaucoup de chance de ne pas être respecté. Ce qui conforte de plus belle les tenants de la thèse selon laquelle « Si on ne peut respecter une Constitution, qui dit qu’un simple accord sera respecté » et qui risque encore de donner raison au Rassemblement dans son intransigeance à considérer que la date du 19 décembre 2016 reste la bonne.
Joël NZAMPUNGU
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