Tshisekedi

Insécurité à l’Est, un défi majeur pour le quinquennat de Felix Tshisekedi

Près de deux ans après l’alternance au sommet de l’État, les fruits des efforts engagés par les forces armées et de sécurité sur le terrain des affrontements sont perceptibles. Mais insuffisants. 

Dans sa récente descente à Goma dans l’Est du pays, le Président de la République a pris le pouls de la situation et promis de s’y installer dans les prochains jours pour être proche des opérations et des populations. Tout porte à croire que la situation sécuritaire dans cette partie du pays est loin d’être résolue, et ne le sera qu’au terme d’un processus long et complexe qui va bien au-delà de l’implication de nos valeureux soldats au front.

L’insécurité endémique à l’Est du pays se cristallise bien comme le casse-tête du quinquennat. Dans cette région prise en tenaille par des groupes armés qui installent des micro-états de fait dans l’État, la Nation étale son incapacité à restaurer la paix, et ce pendant de longues années. La République vacille entre redditions des éléments des groupes armés—souvent annoncées avec fanfare—et la violation par les groupes armés des accords conclus avec l’État pour mettre fin aux hostilités. Nombreux sont les dégâts qui en résultent. C’est que dans ces régions éloignées de la capitale, mais où vivent des millions de congolais, le commerce de la guerre fait le bonheur de certains intérêts locaux et étrangers que personne ne se permet jusqu’ici d’inquiéter sérieusement.

Il nous est parvenu, par la bouche du Président de la République—fort des renseignements à sa disposition—que les politiciens congolais qui sont de connivence avec les groupes armés seront désormais mis en face de la Justice. Il était temps de faire une si forte annonce. Car si leur existence a depuis longtemps cessé d’être un secret, c’est peut-être seulement maintenant qu’ils seront nommément désignés et mis à l’index pour qu’ils répondent de leurs complots et autres conspirations contre la République. Le plus important est qu’ils ont leur pendant dans le voisinage immédiat de la RDC où l’industrie de la guerre qui déchire l’Est du pays conforte des réseaux d’enrichissement illicite qui prospèrent par la contrebande et par la main basse sur nos ressources naturelles, à travers des milices érigées en sous-traitant de la criminalité économique et ses corollaires.

Tshisekedi et Pompeo

Dans une lettre du 17 Août dernier, plusieurs sénateurs américains—démocrates et républicains—siégeant au Council on Foreign Relations, formulaient quelques recommandations au Secrétaire d’État américain Mike Pompeo sur les changements structurels souhaités pour la RDC. L’un des points saillants de cette lettre mettait en lumière la lutte régionale à mener contre le trafic illégal de l’or, commodité principale dans le financement des groupes armés et autour de laquelle s’activent des intermédiaires dans des pays de la région (Rwanda, Ouganda). L’exploitation irrégulière du coltan, de l’étain, du tungstène, connus sous le nom de minerais du sang, est  l’élément structurant de l’impressionnant chaos à l’Est du pays et qui fait le bonheur de l’industrie technologique au niveau mondial.

La solution ne saurait donc être exclusivement militaire, encore moins exclusivement congolaise.

Dans une déclaration conjointe faisant suite à la visite à Washington du Président Congolais, en Avril 2019, les Etats-Unis et la République Démocratique du Congo s’engageaient à poursuivre un partenariat privilégié avec pour visée la stabilité, la paix et la prospérité. Si l’alternance a ouvert un boulevard de possibilités pour les intérêts américains en RDC, le partenariat privilégié peine à faire se concrétiser des avancées notables pour ce qui est de l’agenda de la paix et de la stabilité pour le compte de la RDC.

Sur fond d’une crise sécuritaire qui livre chaque jour son lot de morts et déchire de plus en plus le tissu social, le leadership congolais doit mettre à l’épreuve son partenariat privilégié avec les USA pour en déduire si oui ou non nos peuples peuvent effectivement en tirer profit à travers l’avènement d’un climat pacifié.

Si le Gouvernement Congolais doit par les moyens à sa disposition éradiquer les dynamiques internes qui nourrissent l’insécurité, nul autre État n’a de l’ascendant sur les voisins du Congo comme les États-Unis d’Amérique, pour décourager et oblitérer les velléités régionales d’expansion territoriale et de mainmise sur les ressources du Congo.

L’implication du partenaire privilégié est donc incontournable sur le front régional pour la garantie d’une solution durable. Faute de quoi les Congolais auront été les dindons de la farce. Il est donc temps de tester ce partenariat, résolument!

Siméon Nkola Matamba

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