NAIROBI, Kenya, le 23 Septembre 2020,-/African Media Agency (AMA)/-Au début de l’année dernière, un boutre, un voilier traditionnel d’Afrique de l’Est, a parcouru plus de 500 km en direction du sud, le long des côtes du Kenya et de la Tanzanie, faisant escale dans près d’une demi-douzaine de ports.
C’est un voyage effectué par de nombreux bateaux. Cependant, le Flipflopi est un boutre différent, il ne suit pas les modèles traditionnels faits de bois, le bateau de 10 mètres de long et pesant 7 tonnes a été entièrement fabriqué à partir de déchets plastiques ramassés sur les plages du Kenya.
L’équipage du Flipflopi est partenaire de la campagne “Océans Propres” du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), qui vise à encourager les gouvernements, le secteur privé et la société civile à abandonner les plastiques à usage unique au profit d’une chaîne d’approvisionnement circulaire.
Un an et demi après le succès de son premier voyage, le Flipflopi se prépare désormais pour une autre expédition, cette fois-ci pour faire le tour du lac Victoria, le plus grand lac d’Afrique.
“La raison d’être de cette expédition est de faire passer le message en amont”, explique Dipesh Pabari, co-fondateur du projet Flipflopi. Selon lui, plus de 90 % des plastiques de l’océan proviennent de huit grands fleuves, dont le Nil, dont une partie prend sa source dans le lac Victoria.
Le Kenya est l’un des nombreux pays d’Afrique qui ont, ces dernières années, intensifié leur lutte contre les déchets plastiques. Le mois dernier a marqué le troisième anniversaire de l’interdiction stricte des sacs plastiques à usage unique dans le pays. L’année dernière, le Kenya a rejoint d’autres pays pour la signature d’un accord mondial visant à mettre fin à l’importation de déchets plastiques, une mesure à laquelle s’oppose l’industrie chimique. En juin de cette année, suite à une directive présidentielle, le Kenya a interdit d’autres plastiques à usage unique : des bouteilles d’eau aux couverts jetables, dans les parcs nationaux, sur les plages, dans les forêts et les zones de conservation.
Malgré ces mesures, la pollution par les plastiques demeure un problème important dans ce pays d’Afrique de l’Est, tant sur la côte, où le projet Flipflopi soutient les initiatives locales de gestion des déchets, que sur les bords du lac Victoria. En une seule opération de nettoyage, près de cinq tonnes de plastique ont été collectées sur une plage de 5 km à Lamu, au Kenya.
Le lac, qui s’étend sur trois pays : le Kenya, l’Ouganda et la Tanzanie fait vivre plus de 40 millions de personnes. Cependant, il est soumis à une pression accrue en raison de la mauvaise gestion des déchets et de la pollution, ce qui a un impact sur la santé des communautés et menace la survie du lac.
“L’expédition du Flipflopi au lac Victoria porte un message simple mais essentiel à l’attention des gouvernements, des autorités locales, des parties prenantes et des communautés de la région : sauvez le lac Victoria avant qu’il ne soit trop tard”, déclare Juliette Biao Koudenoukpo, directrice régionale du PNUE pour l’Afrique. “La destruction de cette source d’eau vitale implique la mise en danger des moyens de subsistance de millions de personnes. Il faut agir de toute urgence pour inverser la dégradation environnementale qui a de graves conséquences pour le lac et pour tous ceux qui en dépendent”.
Le 19 septembre, Journée mondiale du nettoyage, est un événement annuel destiné à souliger le problème mondial que constituent les déchets solides. Cette année, la Journée du nettoyage a également été l’occasion de la sortie d’un nouveau film d’animation qui raconte l’histoire des Flipflopi. Le célèbre acteur kenyan John Sibi-Okumu a écrit et raconté le film, été réalisé par Kwame Nyong’o, un réalisateur primé.
En attendant, l’aventure du Flipflopi au lac Victoria commencera avec l’arrivée du bateau au parc KWS Impala dans la ville kenyane de Kisumu le 22 septembre.
Au cours des prochains mois, la population locale sera encouragée à visiter le parc, à connaître les objectifs de la nouvelle expédition et à découvrir les détails de la fabrication du boutre en plastique.
Les plus grandes parties, la quille, les membrures et autres éléments structurels, ont été construites dans une usine de recyclage au sud de Lamu à partir de déchets de plastique, notamment des conteneurs, des sacs et même de vieilles bouteilles de shampoing, comprimés dans des moules en acier. Les planches ont été fabriquées en extrudant davantage de plastique recyclé et plus de 30 000 tongs abandonnées ont été utilisées pour tapisser la coque.
Au début de l’année 2021, le navire effectuera un voyage d’un mois, d’abord dans les eaux ougandaises, puis tanzaniennes.
“Nous allons longer la côte car au large, le lac est particulièrement réputé pour ses vents et ses tempêtes très imprévisibles”, explique M. Pabari. “Et l’idée est d’être le plus près possible des habitants. C’est une histoire pour les habitants. Ce n’est pas une expédition classique. Nous ne sommes pas une bande d’explorateurs, qui relèvent un défi personnel. En fin de compte, notre cause est l’environnement.”
Lors de la première expédition, un boutre en bois ordinaire suivait le Flipflopi en cas de problème. Cependant, l’équipe est désormais satisfaite de la performance du navire en plastique. La construction en plastique est plus lourde que le bois, de sorte que le boutre a vogué à bonne hauteur dans l’eau sans avoir besoin des grandes charges de ballast que les boutres conventionnels doivent transporter.
“Il navigue comme par magie. Nous avons été frappés par la qualité de la navigation”, ajoute M. Pabari.
Aux côtés du PNUE, de l’AFD, la branche du gouvernement français chargée du développement dans les pays étrangers, soutient cette initiative. Depuis vingt ans, l’agence s’efforce d’améliorer l’accès à l’eau potable des communautés vivant autour du lac Victoria.
“En tant qu’acteur régional, historiquement impliqué dans la préservation de l’écosystème du lac Victoria, il est tout à fait naturel que l’AFD soutienne cette expédition clé”, déclaré Christian Yoka, directeur régional de l’AFD pour l’Afrique de l’Est. “Nous travaillons depuis 20 ans avec nos partenaires kenyans, ougandais et tanzaniens pour mettre en oeuvre un ensemble de solutions globales permettant aux populations des environs du lac d’avoir accès à l’eau potable et de préserver cette ressource grâce à la recherche ainsi qu’à des investissements dans des infrastructures d’assainissement adéquates. Nous sommes convaincus que les solutions pour atteindre les objectifs de développement durable impliquent une action collective et inclusive menée à l’échelle qui convient”.
Distribué par African Media Agency (AMA) pour UN Environment.
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