NEW YORK, USA, le 6 Juillet 2020,-/African Media Agency (AMA)/- Le PAM estime que le nombre de personnes souffrant d’insécurité alimentaire dans la région pourrait atteindre 57,6 millions d’ici la fin de l’année – contre 36 millions avant le début de la pandémie de Covid-19. « Les défis socio-économiques résultant des mesures instituées pour contenir la propagation de Covid-19 ont un impact important sur la sécurité alimentaire en Afrique de l’Ouest et du Centre », a déclaré Elisabeth Byrs, porte-parole de l’agence onusienne lors d’un point de presse virtuel depuis Genève.
23 millions des personnes touchées se trouvent au Nigéria – le pays le plus peuplé d’Afrique. Près de 10 % des personnes concernées sont recensées au Niger et environ 5 % au Burkina Faso, au Tchad, au Cameroun, en République centrafricaine, au Mali et au Sénégal. La plupart des « nouveaux affamés » de la région sont des « citadins pauvres, qui vivent au jour le jour », a précisé Mme Byrs.
La pandémie de Covid-19 frappe la région en pleine période de soudure, « lorsque la faim et la malnutrition empire ». Même bien avant la pandémie, l’agence onusienne estimait que 21,1 millions de personnes avaient du mal à satisfaire leurs besoins alimentaires pendant cette période allant de juin à août.
Plus de 11 millions d’enfants souffriront de malnutrition aiguë dans la région
Le PAM et l’UNICEF estiment que plus de 11 millions d’enfants souffriront de malnutrition aiguë en Afrique de l’Ouest et centrale en 2020 en raison de l’impact du coronavirus, soit une augmentation de 18 % par rapport aux niveaux antérieurs à la pandémie. Avant l’arrivée de la Covid-19, le PAM prévoyait que 4,5 millions d’enfants souffriraient de malnutrition aiguë en 2020 dans six pays sahéliens : le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Sénégal et le Tchad. Aujourd’hui, avec l’insécurité croissante et la pandémie qui touche la région, ce nombre est passé à près de 5,4 millions d’enfants, selon l’UNICEF et le PAM.
La fermeture des frontières et la suspension des marchés hebdomadaires et à ciel ouvert dans les pays de la région ont entraîné une réduction du commerce régional et empêché les agriculteurs de vendre leurs produits. Ce qui a parfois conduit à une pénurie alimentaire localisée et à une augmentation des prix. Au Libéria par exemple, le prix du manioc frais, qui est le principal aliment de base, a augmenté de 60 %, soit cinq fois plus qu’au cours des cinq dernières années. Des hausses de prix de 15 à 25 % ont aussi été observées en avril en République centrafricaine, au Tchad et au Nigéria.
Au Sénégal, une évaluation des marchés menée dans tout le pays par le PAM et le Conseil national de sécurité alimentaire (CSA) en avril 2020 a montré une augmentation significative des prix par rapport à la moyenne des cinq dernières années. C’est le cas des denrées alimentaires essentielles comme le riz dont le prix a augmenté de 14 %, l’arachide qui coûte désormais 20 % plus cher et le mil (+41%). « En outre, de nombreux agriculteurs ne sont pas en mesure de cultiver ou de vendre leurs récoltes et on constate une pénurie de main-d’œuvre agricole et une réduction de l’accès des agriculteurs aux intrants », a relevé Mme Byrs.
Le PAM prévoit d’aider 23 millions de personnes en Afrique de l’Ouest et du Centre
Face à cette situation, le PAM a revu à la hausse son aide en Afrique de l’Ouest et du Centre. Désormais, l’agence onusienne prévoit d’aider 23 millions de personnes dans la région en leur fournissant une aide alimentaire et nutritionnelle vitale. Il s’agit d’une augmentation de 8,9 millions de personnes par rapport au plan initial présenté au début de l’année. Le PAM soutient également « l’aide des gouvernements pour amortir le choc socio-économique de la Covid-19 par le biais de systèmes nationaux de protection sociale et d’une aide alimentaire ciblée ».
Au Nigéria, le ministère fédéral des affaires humanitaires a adapté son programme national d’alimentation scolaire pour servir les enfants qui ne peuvent pas avoir accès aux repas dans les écoles. L’initiative du gouvernement nigérian vise à atteindre 9 millions d’enfants dans 3 millions de foyers à travers les 36 Etats fédéraux du pays.
Au Tchad voisin, le PAM fournira une aide alimentaire pendant trois mois à plus de 433.000 personnes qui pourraient avoir du mal à se nourrir dans huit provinces (Batha, Bahr el Gazel, Guéra, Kanem, Lac, Logone oriental, Logone occidental et Wadi Fira). « Car les mesures visant à contenir la propagation de la Covid-19 affectent les moyens de subsistance, limitent l’accès à la nourriture et perturbent les chaînes d’approvisionnement » a fait remarquer Mme Byrs.
Le dispositif du PAM en Côte d’Ivoire et au Sénégal
En Côte d’Ivoire, le PAM a fourni des transferts d’argent à plus de 5.000 personnes dans la région du Grand Abidjan, y compris à des personnes vivant avec le VIH/SIDA dans le cadre de l’intervention d’urgence Covid-19. Le programme d’alimentation scolaire, qui soutient environ 132.000 enfants dans les régions rurales de l’Ouest, du Nord et du Nord-Est, a repris.
Au Sénégal, le PAM est prêt à couvrir les besoins de 28.000 élèves inscrits dans 135 écoles des zones rurales en remplacement de l’alimentation scolaire. Le Plan d’urgence pour la sécurité alimentaire (PUSA) – préparé par le gouvernement sénégalais pour une réponse nationale à la période de soudure – vise environ 4 millions de personnes en situation d’insécurité alimentaire. Pour répondre aux besoins des communautés vulnérables et contribuer au PUSA, le PAM prévoit d’aider 73.000 bénéficiaires.
Au Ghana, l’agence onusienne a fourni des aliments nutritifs spécialisés produits localement, suffisants pour couvrir 3 mois d’alimentation de 4.000 personnes, dans le cadre du soutien aux efforts du gouvernement pour fournir des soins aux patients de Covid-19 dans des centres d’isolement. Au Libéria, le PAM aide 2 millions de personnes dans tout le pays à la demande du gouvernement, et avec le soutien de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI).
En Sierra Leone, le PAM a fourni un soutien aux communautés et aux familles placées en quarantaine ou en isolement. L’agence onusienne a également aidé le ministère de l’agriculture et des forêts du pays à transporter 900 tonnes de semences aux petits exploitants agricoles du pays qui n’auraient pas pu avoir accès à ces intrants en raison des restrictions imposées par la Covid-19.
Distribué par African Media Agency (AMA) on behalf of ONU Info.
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