L’énergie électrique demeure une composante énorme du développement économique et social et implique, par sa consommation, des changements environnementaux importants dans la planète. Cette conséquence a induit le monde technologique à la quête des solutions de production d’une énergie non polluante appelée ÉNERGIES RENOUVELABLES en vue d’adapter le besoin aux exigences de l’environnement.
La République Démocratique du Congo dispose naturellement d’un potentiel énergétique capable d’assurer l’électrification du pays ainsi que de booster son industrialisation. Le fleuve Congo avec son bassin à cheval sur l’Equateur, offre à la RDC un potentiel énergétique exploitable évalué à 100 GW, répartis sur 780 sites situés dans 145 territoires et 76.000 villages. Ce potentiel représente environ 37 % du potentiel total africain et près de 6% du potentiel mondial.
Bien que la RDC possède en outre d’importantes potentialités en ressources d’énergies renouvelables telles que la biomasse, l’éolienne, le solaire, le biogaz, le biocarburant,… l’intérêt ici sera porté sur le gigantesque potentiel d’INGA afin d’épingler les forces et les faiblesses de ce projet qui doit mettre en valeurs la richesse hydroélectrique du grand Congo.
LES FORCES DU PROJET GRAND INGA
Énorme potentialité énergétique
Le Projet d’Inga sur le fleuve Congo garantit, à une certaine mesure, la protection de l’environnement, car basé sur l’exploitation d’une énergie renouvelable donc non polluante: l’énergie hydroélectrique.
Avec une capacité potentielle totale de 40 000 mégawatts (MW), Inga héberge le plus grand potentiel hydroélectrique au monde. Les centrales d’Inga I (351 MW) et Inga II (1 424 MW), construites respectivement en 1972 et 1982 ne représente même pas le vingtième de son potentiel.
Le développement de ce projet constitue ainsi une opportunité inégalée d’accroître sensiblement l’offre en énergie et alimenter non seulement le Congo mais aussi une partie du continent africain.
Par un réseau électrique exportant de l’énergie vers l’Afrique, Inga s’impose à la fois comme un projet intégrateur pour l’Afrique et un projet générateur des revenus pour la RDC.
Projet intégrateur pour l’Afrique
La réalisation du projet Inga induit la réunification énergétique des pays situés au centre et au sud de l’Afrique. Cette interconnexion des réseaux électriques permettra ainsi le transit de puissance, ce qui implique des opérations économiques entre Etats de la région dans l’intérêt des populations.
Projet générateur des revenus avec l’offre la plus moins chère
L’électricité en Afrique subsaharienne coûte cher, le prix moyen de 0,12 dollar/kWh est deux fois plus élevé que dans les autres pays en développement.
Avec une capacité de 40 GW, Inga est potentiellement la source d’énergie la moins chère du continent africain (son coût de production est estimé à 0,03 dollar/kWh).
Exporter plus de 60% de sa production vers l’extérieur et vendre le restant aux miniers ainsi qu’aux ménages congolais constitue un boué de revitalisation pour notre économie qui, se diversifiant, ne sera plus prisonnier du sous-sol.
FAIBLESSES D’INGA
En concurrence de l’enthousiasme que suscite le développement du grand Inga, ce projet contient également des insuffisances qui nécessitent d’être comblées:
Un projet directement peu social
A cause de son faramineux coût de réalisation-estimé à plus de 10 milliards de dollars américains environ pour la phase III, Inga ne résoudra pas le problème de déficit énergétique des ménages car le financement à un tel projet conditionne l’existence d’un acheteur bancable. De ce fait, 70% de l’énergie produite ira vers l’extérieur, à l’occurrence l’Afrique et autres pays de la région. Le 30% restant sera partagé entre les miniers et les ménages.
Un projet en quête d’adhésion-ADPI
Autrefois géré par le ministère des Ressources hydrauliques et Electricité, le projet Inga a été déplacé vers la Présidence de la République par la création, en octobre 2018, de l’Agence de Développement de Grand Inga (ADPI), réduisant ainsi le degré de transparence dudit projet.
Dans le projet Inga III basse chute, l’assistance technique de la Banque mondiale prévoyait d’aider le Gouvernement de la République à mettre en place l’ADPI comme un organisme de développement autonome en vue de gérer et de suivre le développement d’Inga, d’encourager la participation du secteur privé et de mobiliser les financements publics. Dans cette perspective, l’ADPI devait relever du cabinet du Premier ministre. Alors que le secteur de l’énergie est de la compétence constitutionnelle du gouvernement central, le projet Inga est désormais géré par une institution qui n’est pas responsable devant le parlement, ce qui ralentit l’adhésion des élus du peuple ainsi que des partenaires internationaux.
Un bon nombre d’organisations de la société civile, jadis participants des ateliers sur le développement d’Inga, évoquent le manque de transparence de l’ADPI faute d’une politique participative.
Absence d’un schéma clair de transfert des technologies
Comme nous l’avons dit tout haut, Inga est potentiellement le plus grand site hydroélectrique dans le monde, sa mise en valeur constitue un challenge unique qui implique non seulement de gros financements mais aussi d’importantes connaissances techniques.
Ainsi dans ce rendez-vous de l’histoire, il manque un processus clair pouvant permettre aux intelligences congolaises (Ingénieurs, géologues, écologistes, physiciens…) de participer, chacun dans son domaine, dans l’exécution du projet Inga.
RECOMMANDATIONS
Le Projet grand Inga est un rêve dont le pays doit nécessairement concourir à sa réalisation au bénéfice de la RDC et du continent africain.
Ce vaste projet mérite ainsi d’être renforcé avec les propositions suivantes:
- Projets de Construction des centrales hydroélectriques moyennes afin d’améliorer l’offre en énergie et de couvrir les besoins de toutes les catégories en milieux urbain, périurbain et rural conformément à la loi n°014/011 du 17 juin 2014 réglementant le secteur de l’électricité. Menés concomitamment avec le projet Grand Inga, ces micro projets augmenteront le ressenti positif de l’électricité dans le social des populations,
- Une politique d’inclusion de toutes les couches de la société congolaise ainsi que des partenaires extérieurs dans la mise en oeuvre du projet Grand Inga,
- Résolution des divergences autour du statut de l’ADPI.
Elie NKUMBI
Ingénieur Civil I Consultant en Énergie électrique I Consultant en micro-entreprises au projet de la BAD I Communicant I Porte-Parole de l’Ajpro-Udps
elienkumbi@gmail.com
+243 822 314 219
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