Elles ont déposé un mémorandum à la Présidence de la République, les Ministères du genre, de l’Energie ainsi que l’Agence pour le Développement et la Promotion du Projet Inga III (ADPI), jeudi 8 août à Kinshasa. Des femmes venues de Inga au Kongo centrales et de Kinshasa, réunies au sein de l’organisation Femme Solidaire (FESO) réclament la mise en place d’un dialogue inclusif et permanent entre les communautés locales et les autorités congolaises afin d’opter pour les alternatives énergétiques non pollueuses.
Tout est parti d’un atelier lancé depuis le 6 août 2019 afin de fignoler le mémo déposé aux Autorités compétentes.
Dans un point de presse animé à la clôture de ces assises, soit jeudi 8 août, elles se disent préoccupées par la tournure ainsi que le danger qu’encourent les populations d’Inga et voisines, dans le territoire de Sekebanza dans le Kongo Central. Pour ces femmes, la réalisation du barrage Inga III de plus de 8 barrages, la communauté n’est associé ni de près, ni de loin à tous les processus de négociation, signature d’accords et autres débats relatifs à sa mise en œuvre. Elle signale que les promesses faites aux communautés lors de la construction des barrages Inga 1 et 2 n’ont jamais été tenues et que rien ne prouve qu’elles seront pour Inga 3.
Elles ont fait remarquer que le processus tel que mené à ces jours ne respecte pas les droits des femmes garanties par les lois et traités internationaux ratifiés par la République Démocratique du Congo. il s’agit notamment des droits des femmes au consentement libre préalable et éclairé, à la consultation, la participation des femmes à la gestion des ressources naturelles. Pour ce faire, elle s’oppose à la construction d’Inga III qui ne fera que renforcer l’état macabre dans lequel se trouvent les habitants d’Inga et les villages environnants. Cela, alors qu’ils sont meurtris par les précédentes constructions ayant causées la délocalisation physique et économique des populations, non accompagnées de la relocalisation, de compensation et indemnisation en faveur de ceux victimes d’Inga. Il y a également l’impraticabilité des routes freinant les deux activités principales qui sont l’agriculture et la pêche. Elles dénoncent en outre d’important flux migratoire dans Inga et ses environs avec risque de créer une crise incontrôlée et conflit inter-ethnique, la déculturation, le changement climatique, l’extrême pauvreté et la faim. Elle rappelle l’intangibilité des terres d’Inga et environnants, héritage des ancêtres, nul ne peut s’en servir en violation des droits d’accès à la terre de communauté locales et singulièrement des femmes.
Recommandations
Ces femmes exigent la prise en compte comme partie prenante et interlocutrice, à toute discussion et négociation sur Inga III. Au-delà de cal, il faut la mise en place d’un mécanisme qui permet et facilite l’accès à toutes les informations sur ce projet, à toutes les femmes et singulièrement à celles d’Inga et environs. Au finish, il faut un dialogue inclusif et permanent entre les communautés locales et les autorités congolaises afin d’opter pour les alternatives énergétiques non pollueuses.
Selon Blandine Boninanga, Présidente Feso, les femmes se sont levées comme un seul homme puisque c’est elles les premières victimes directes de l’impact négatif de ce projet surtout en matière du sol et la disparition des espèces poissonneuses.
Quid du projet Inga III ?
Il fait partie du plus grand projet Inga. Inga III est un projet de complexe hydroélectrique géant dans la province du Kongo central, visant à atteindre une capacité de production d’environ 40 gigawatts. Les deux premiers barrages, Inga I et Inga II ont été construits respectivement en 1972 et 1982. L’idée de construire un troisième barrage, est quant à elle discutée depuis 2013.
A l’origine, le projet Inga III devait fournir 4,8 GW d’électricité, principalement pour être exporté vers l’Afrique du Sud et pour alimenter des mines dans l’Est de la RDC. Cependant, la Banque mondiale a annulé son engagement en 2016, semant le désordre dans le projet alors que les investisseurs se sont dérobés. En partie pour répondre aux critiques formulées sur les données économiques erronées du projet, la gouvernement a annoncé en 2017 qu’il redéfinirait le projet, avec l’intention de doubler la capacité de production, pour atteindre plus de 10 GW. L’ADPI a demandé aux deux consortiums dirigés par China Three Gorges Corporation et un autre comprenant le groupe espagnol ACS, du Président du club football de Real de Madrid, de présenter une offre commune. Depuis décembre 2018, un accord pour le développement exclusif a été signé entre le gouvernement congolais représenté par ADPI et le consortium représenté par ces deux entreprises.
Judith Asina
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