Redresser la justice congolaise doit être la priorité des propriétés du Président Félix TSHISEKEDI. Sans un engagement sérieux dans ce secteur, aucun autre secteur de la vie nationale ne peut lui permettre de redresser ce pays.
Ce mercredi 10 juillet 2019, j’étais à la prison de MAKALA à Kinshasa. Je me suis retrouvé dans la grande salle où se tiennent les audiences. Une salle de 8 m sur 15 m. Ce que j’y ai vu m’a beaucoup interpellé. Il y avait 7 tribunaux (Tribunaux de paix, tribunaux de grande instance) qui siégeaient dans cette petite salle. Juges, magistrats, avocats, justiciables, prisonniers y étaient entassés. Il faut un effort surnaturel pour entendre ce que les parties disent dans cet endroit qui manque le minimum de confort.
Comment sommes-nous arrivés à accepter de juger, de plaider pour nos propres compatriotes dans ces conditions inhumaines ?
Pendant les trois heures que je suis resté dans cette salle, je n’ai entendu aucune voix s’élevait, parmi les juges, magistrats, avocats, public, pour protester contre cet état de choses. Tout le monde semble avoir accepté de travailler dans une médiocrité sans pareil.
Cette salle est un véritable lieu d’indignité pour tout le monde qui y travaille.
Avec des magistrats, juges et avocats qui acceptent de plaider, de juger et de dire le droit dans ces conditions-là, sans aucune protestation, on ne peut rien attendre de meilleur. C’est une démission totale.
Pour quoi les avocats ne peuvent pas refuser de plaider dans ces conditions de jungle pour contraindre l’Etat à construire des salles d’audiences dignes d’une république ? Ce n’est pas l’espace qui manque à la prison de MAKALA.
Pourquoi les magistrats et les juges ne peuvent pas entrer en grève pour qu’on améliore les conditions de leur travail en prison ?
Avec des magistrats et juges qui n’entrent en grève que pour leur salaire, qu’est-ce qu’on peut attendre ? Rien. Ils sont incapables d’entrer en grève par solidarité avec les prisonniers qu’ils jugent dans un endroit sale et indigne de leur rang de juge ou magistrat. Incroyable.
Sommes-nous vraiment sérieux quand nous condamnons ou participons à la condamnation de nos propres compatriotes dans ces conditions.
Entant qu’être humain, j’ai eu honte de me retrouver dans cette salle d’audiences, encore plus entant que congolais, je me suis senti diminuer et humilier.
On administre la justice dans une médiocrité sans pareil et on condamne des gens à 5 ans, 10 ans de prison. Ce n’est pas acceptable.
Il faut que la justice soit humanisée.
Kinshasa, le 10 juillet 2019.
Me Jean Claude KATENDE
Le Gardien du Temple
Whatsap : +243 81 17 29 908
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