Dans un entretien accordé à ONU Info, Claude Jibidar, Représentant du Programme Alimentaire Mondial (PAM) en RDC indique qu’environ 13 millions de Congolais vivent dans une insécurité alimentaire extrême, dont 5 millions d’enfants, et les évaluations en cours montrent que la tendance à l’aggravation de l’insécurité alimentaire se poursuit. Cette agence des Nations Unies continue de renforcer son aide alimentaire et nutritionnelle en ciblant 5,1 millions de personnes cette année, dont 1,5 million reçoivent une assistance nutritionnelle.
Pour Claude Jibidar, la crise alimentaire qui sévit dans ce pays au cœur de l’Afrique centrale est la deuxième crise alimentaire dans le monde en termes de gravité après celle au Yémen.
En effet, des nombreux conflits qui secouent le pays depuis plus de deux décennies et qui ont connu une intensification depuis 2016, notamment dans l’Est et le Sud-Est, ont provoqué un déplacement dramatique de populations rurales qui vivent de l’agriculture.
« Les paysans en RDC mangent parce qu’ils peuvent cultiver et récolter, mais comme nous avons eu jusqu’à 4,5 millions de personnes déplacées dans ces zones rurales. Ce sont des gens qui n’ont pas pu continuer à cultiver. Cela a continué pendant plusieurs saisons agricoles et la situation s’est détériorée avec le temps », a-t-il indiqué.
A l’en croire, c’est environ 13 millions de Congolais vivent dans une insécurité alimentaire extrême, dont 5 millions d’enfants, et les évaluations en cours montrent que la tendance à l’aggravation de l’insécurité alimentaire se poursuit.
Pour répondre à cette crise, le PAM continue de renforcer son aide alimentaire et nutritionnelle en ciblant 5,1 millions de personnes cette année, dont 1,5 million reçoivent une assistance nutritionnelle.
L’agence se concentre notamment sur l’aide aux personnes déplacées en visant les sites de déplacés mais aussi les sites de retour.
«Les déplacements en RDC sont fréquents, mais ils ne sont pas nécessairement de longue durée » a dit Claude Jibidar. Il s’agit des conflits spontanés qui font que les gens fuient leur village. Ici, le PAM essaie d’aider les gens à retourner chez eux. Car en RDC, il est possible d’avoir deux ou trois récoltes par an. Donc, a-t-il relevé, si les gens sont aider à planter dans l’espace de quelques, il y a possibilité de leur donner la capacité de pouvoir se prendre en charge en termes de nourriture.
Malgré la complexité de la crise en RDC, le PAM ne sauve pas seulement des vies, mais aussi s’efforce de les changer. Cette agence travaille sur le lien « aide humanitaire-développement-paix » en soutenant la sécurité alimentaire et la nutrition par l’agriculture, l’autonomisation des femmes et la consolidation de la paix. A travers cette approche, elle essaie de lier l’aide à des actions à plus long terme pour aider les populations à faire face aux chocs, que ce soient les chocs liés aux problématiques climatiques, aux conflits et aux déplacements, dont ceux provoqués par l’arrivée de populations déplacées dans des communautés d’accueil.
« Vous avez souvent des situations ou une famille de 6 ou 7 personnes accueille une douzaine d’autres personnes, et bien sûr ils vont partager leurs ressources ce qui fait que la famille hôte réduit ses propres ressources très rapidement et se retrouve elle-même en situation d’insécurité alimentaire », a souligné M. Jibidar. et d’ajouter : « aider ces gens à produire plus et à produire mieux, à avoir un peu plus de ressources pour prendre en charge ces personnes déplacées, ça permet de ne pas avoir une situation humanitaire catastrophique au bout de quelques mois ».
Il faut rappeler que l’année dernière, soit en 2018, le PAM a atteint le nombre de 5 millions de personnes assistées. À cet effet, l’agence avait évité la famine dans le Kasaï et le Kasaï central et a rapidement intensifié ses interventions dans les provinces de l’Ituri, du Tanganyika ainsi que du Nord et Sud-Kivu, où des conflits violent ont contraint beaucoup de personnes à fuir leurs foyers.
Judith Asina
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