L’Union Européenne suit de près l’évolution de la situation post-conflit sécuritaire dans la région du Grand Kasaï et reste préoccupée par la grave crise nutritionnelle qui y prévaut. Dans le cadre de son Programme indicatif national 2014-2020, elle a accordé des fonds additionnels pour porter assistance à l’urgence sanitaire et à la crise nutritionnelle. C’est une réponse d’urgence que l’UE vient d’apporter aux cris de détresse des déplacés en quête des soins appropriés. Elle a ajouté une enveloppe de 10 millions d’euros supplémentaires pour leur fournir des soins appropriés, avec des médicaments de qualité, à un coût accessible.
Avec cette somme destinée aux provinces du Kasaï, le Programme Santé de l’Union Européenne en République démocratique du Congo atteint le montant de 155 millions d’euros.
Ce programme s’étendra sur une durée de 18 mois et sera mis en œuvre sur un mode d’intervention mixte dénommé « urgence-développement ».
Dans le but de favoriser l’accès aux services de santé aux populations vulnérables, cinq zones de santé du Kasaï Central bénéficieront d’un programme de renforcement des mécanismes existants de financement et fourniture des services de santé.
Il s’agit de la zone de santé de Tshikula, Bunkonde, Mikalayi, Tshibala et Masuika. Les plus démunis des enfants, femmes enceintes et de femmes en âge de procréer pourraient bénéficier d’une prise en charge totale gratuite pour certains soins.
Des mesures particulières pour le traitement de la malnutrition sévère aigüe et un appui aux infrastructures hospitalières feront partie du dispositif. Ce volée inclut l’eau, hygiène et assainissement et contribuera à la reprise des activités dans les formations sanitaires pillées ou détruites. Un appui institutionnel visera le renforcement des capacités des autorités sanitaires, particulièrement pour la coordination des interventions humanitaires et de développement.
Le programme santé de l’Union Européenne s’aligne entièrement sur les politiques nationales. Les partenaires présents dans les Kasaï (OCHA, DFID, USAID, DG ECHO, la Banque Mondiale et les ONG) assureront la mise en œuvre des actions prévues dans le cadre de ce projet.
Selon le Chef de Délégation et Ambassadeur Bart Ouvry, ce programme vise à assurer le retour des déplacés dans leurs milieux d’origine et de reprendre leur cours de vie normale. « Un effort de solidarité avec les populations du Kasaï central permettra aux nombreuses familles déplacées par le conflit de revenir chez eux et de renouer avec une vie en paix avec l’espoir d’un avenir meilleur pour eux et leurs enfants. En parlant aux femmes, hommes et enfants des Kasaï déplacés à cause du conflit armé lors de mes visites de terrain, j’ai senti leur envie de renouer avec une vie dans les villages, entourés de leurs proches », a-t-elle déclaré.
Ce programme rejoint d’autres entre autres, une aide humanitaire de cinq millions d’euros alloués en juillet 2017 aux victimes de violences dans le grand Kasaï.
D’autre part, depuis octobre dernier, les Nations Unies et les agences humanitaires internationales ont élevé au niveau d’urgence humanitaire le plus élevé (L3) les provinces les plus touchées de la RDC par la crise humanitaire. A la fin de l’année dernière, on comptait environ 8,5 millions de personnes dans le besoin d’assistance humanitaire, et plus de 4 millions de personnes déplacées dans le pays.
La crise survenue dans la région des Kasaï depuis août 2016, sur fonds de conflits intra-communautaires, trouve son épicentre au Kasaï central. Pour une population estimée à 4,3 millions d’habitants, on estime à 1,5 million le nombre de personnes affectées et à 750.000 le nombre de personnes déplacées dans cette province.
Malgré la propagation de la crise au premier semestre de 2017, on observe depuis quelque temps, un retour des populations vers leur lieu d’origine. L’UNICEF recense environ 387.000 enfants de moins de 5 ans souffrant de malnutrition sévère aigüe dans la région des Kasaï.
Judith Asina
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